Please join with me in thanking Hubert Mulkens, who has kindly offered to translate several of my essays into French. This is the first—a translation of my essay The Third World War Has Been Cancelled—which appeared several weeks ago. Hubert has taken great care with the translation, and has produced an exemplary text. He has also translated a second essay of mine which we are in the process of tidying up and which I will publish next week. If you know anything about French literature, you will see that his title (not a direct translation) makes a clever reference to Jean Giradoux’s 1935 play La guerre de Troie n'aura pas lieu, about attempts to prevent the start of the Trojan War, and, by implication, a warning against rushing into conflicts. Please pass the article to any francophone contacts you may have or any outlets that you know of.
I’m always happy to see translations, and anyone who feels like attempting one is welcome. Just let me know first. Individual translations I will publish on this site. Our valued Spanish and Italian translators (to whom I renew my thanks) have sites of their own. I’ve also noticed a fair number of partial translations or citations of paragraphs on the Internet in various languages, as a result of tracing back the origins of new subscribers. That’s fine as well, as long as you correctly credit the original.
And now, I’ll hand the microphone over to Hubert. I will be back with another essay on Wednesday.
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La Troisième Guerre mondiale n’aura pas lieu.
Finalement, c’était trop compliqué.
L’agitation actuelle
Au cours des deux derniers mois, les médias occidentaux ont beaucoup parlé de « guerre » avec la Russie, et potentiellement avec d’autres pays également. Pour certains, la « Troisième Guerre mondiale » est désormais inévitable, pour d’autres, la « guerre nucléaire » approche à grands pas, pour d’autres encore, parce que l’OTAN et l’Occident sont convenu de transférer des armes (qui peuvent théoriquement frapper la Russie), cela conduira inévitablement à « une guerre à grande échelle », pour d’autres encore, l’accord signé à Pyongyang entre la Russie et la Corée du Nord « mènera inévitablement à la guerre », et pour d’autres encore, l’Occident, et en particulier les États-Unis, préparent une sorte de « guerre » avec la Chine. Ici en France, des articles sérieux ont été publiés se demandant si la France va partir « en guerre » contre la Russie, si les propositions très débattues mais jusqu'ici non mises en œuvre d'envoyer des spécialistes français en Ukraine se concrétisaient réellement.
Les deux points communs qu’on retrouve dans ces discours sont que, pour autant que l’on puisse en juger, les auteurs semblent tous comprendre des choses différentes par « guerre », et que de toute façon peu d’entre eux, voire aucun, n’ont une idée cohérente de ce dont ils parlent. Cela n’est peut-être pas surprenant, étant donné que la crise ukrainienne a déjà cruellement mis en évidence l’ignorance des élites politiques et médiatiques occidentales sur les questions les plus élémentaires de sécurité et de défense, et que de nombreux « experts » militaires occidentaux se sont décrédibilisés face aux événements successifs. Même si jusqu’à la fin de la guerre froide, la classe politique avait au moins une idée générale de ce que pouvait être la « guerre », cette capacité est aujourd’hui complètement perdue.
De ce fait, j’ai pensé qu’il pourrait être utile d’essayer de clarifier un certain nombre de points. L’objectif n’est pas principalement de critiquer, mais plutôt d’expliquer quelques questions conceptuelles, d’aborder la dimension juridique, d’examiner l’escalade et la façon dont les « guerres » « commencent » et d’essayer d’expliquer en termes pratiques ce que cela signifierait. Cet ordre du jour est très vaste, je vais donc aborder rapidement un certain nombre de points.
Quelques concepts utiles…
Tout d’abord, quelques termes. Historiquement, les nations ont publié des « déclarations de guerre » contre les autres. Il s’agissait d’une procédure plus formelle que nous ne l’imaginons peut-être aujourd’hui : il y avait normalement une liste de griefs, une sorte d’ultimatum et une déclaration selon laquelle si certaines conditions n’étaient pas remplies, il y aurait un état de guerre. La guerre était donc, du moins en théorie, une activité légalement formalisée. Le discours d’Hitler au Reichstag du 1er septembre 1939 a suivi largement ce modèle, même s’il n’y eut aucune déclaration formelle de guerre à la Pologne. Quelques jours plus tard, les Britanniques et les Français déclarent la guerre à l’Allemagne de la manière classique. De nos jours, et en partie en réponse aux dispositions de la Charte des Nations Unies, les États ne « déclarent plus la guerre » (ce pouvoir étant effectivement délégué au Conseil de sécurité), même si cela n’a pas sensiblement rapproché le monde de la paix. On parle désormais de « conflit armé» plutôt que de guerre, et la différence n’est pas seulement sémantique, comme nous le verrons. Le terme « guerre » en tant que terme populaire reste cependant d’usage très courant et a suscité une importante littérature légaliste. Malgré cela, un document du CICR note tristement que « (on) peut discuter presque sans fin sur la définition juridique de la « guerre ». Certains seraient tentés de supprimer le « presque ».
Parmi les dizaines de définitions de la « guerre » que la simple recherche sur Google permet de trouver, le thème commun est celui de la violence à grande échelle entre les forces militaires des nations. (La question des conflits armés non internationaux est un sujet majeur que nous n’aborderons pas ici.) Il est donc raisonnable de commencer par se demander si certains de ces experts bavards pensent réellement à la « guerre » au sens traditionnel du terme. Certains d’entre eux ne le font certainement pas. Ceux qui attendent avec impatience une « guerre » avec la Chine ne pensent probablement pas aux armes nucléaires chinoises réduisant Washington en cendres, une grande partie de la marine américaine au fond de l’océan et des bases militaires américaines dans toute l’Asie vaporisées. S’ils pensent à quelque chose, c’est à « faire la guerre » contre la Chine, en lançant des attaques militaires comme celles lancées contre la Somalie, sans que les Chinois ne puissent ou ne veuillent riposter. De la même manière, ceux qui parlent d’une possible « guerre » entre la France et la Russie semblent penser à une situation politique et juridique existentielle, et non à l’envoi de troupes françaises pour marcher une fois de plus sur Moscou. (Je l'espère, en tout cas.) Et enfin, ceux qui veulent que l'OTAN « s'implique » contre la Russie d'une manière non spécifiée semblent penser à des opérations limitées en Ukraine qui se termineront par une défaite russe face à une OTAN supérieure en armes, mouais, et un leadership de l'OTAN bien meilleur, mouais, après quoi les Russes admettront leur défaite et partiront.
En revanche, d'autres semblent effectivement craindre le pire : l'utilisation de F16 pour attaquer les troupes russes, ou l'utilisation d'autres armes fournies par l'OTAN pour lancer des attaques sur des villes russes proches de la frontière déclencheront, craint-on, un processus d’escalade inévitable et automatique qui mènera à la Troisième Guerre mondiale, à la destruction de la planète et à la fin de la vie humaine. (Nous reviendrons sur l’escalade dans un instant.) Alors, comment donner un sens à tout cela ? Y a-t-il des risques, et si oui, quels sont-ils ? Que pourrait-il se passer et que se passera-t-il ? La manière la plus simple de comprendre le problème est de laisser tomber le mot « guerre » et d’examiner d’abord ce qui se passe réellement en Ukraine, et ensuite comment l’histoire suggère que les choses pourraient évoluer. Nous devons d’abord évacuer les « toiles d’araignées » de plusieurs décennies de pensée politique et de stéréotypes, qui doivent davantage aux mèmes de la culture populaire qu’à une étude sérieuse de l’histoire.
La notion utile de « conflit armé »
Il ne fait aucun doute, pour commencer, qu’un « conflit armé » est en cours en Ukraine. Contrairement à une guerre, un conflit armé est un état de fait qui peut être défini de manière indépendante et non une simple énoncé performatif. Le terme a largement remplacé le terme « guerre » en 1949 et a d’ailleurs généré tout un débat sur le moment et la manière d’y appliquer le Droit International Humanitaire (DIH). Curieusement, ou peut-être pas, personne n’a vraiment pensé à définir ce qu’était un conflit armé, jusqu’à ce que le Tribunal pour la Yougoslavie doive le faire pour déterminer s’il avait compétence sur ce triste épisode. Il a décidé qu’« un conflit armé existe chaque fois qu’il y a recours à la force armée entre États ou à une violence armée prolongée entre les autorités gouvernementales et des groupes armés organisés ou entre de tels groupes au sein d’un État ». Or, la seconde moitié de cette formulation ne doit pas nous préoccuper ici, mais notons que la définition décrit un état de faits qui peut être analysé : soit il y a un conflit armé, soit il n'y en a pas.
En fait, dans un conflit armé, il y a d’abord des « combattants ». Il s’agit de personnes ayant le « droit de participer aux hostilités entre États » et cela inclut le personnel militaire (sauf médical et religieux) ainsi que les milices et les volontaires combattant à leurs côtés, à condition qu’ils soient clairement distingués des non-combattants. Tous les autres sont des non-combattants (vous remarquerez que le mot « civil » n’est pas utilisé) à moins et jusqu’à ce qu’ils participent activement aux opérations. Cela s’applique aux contractants occidentaux et même aux forces militaires, pour autant qu’ils ne jouent pas un rôle opérationnel actif. Ainsi, dans un conflit armé, tout le monde n’est pas forcément un combattant. Cependant, si quelqu’un, qu’il s’agisse d’une femme, d’un enfant ou d’un soldat étranger, commence à participer activement aux opérations, il perd son statut de non-combattant. (Notez que « conflit armé » est un terme géographique et temporel : il peut s’appliquer à certaines parties d’un pays et pas à d’autres.)
Le problème avec tout cela, aussi fascinant soit-il, est que ces arguments portent moins sur la manière de comprendre ce qui se passe, mais plutôt sur la question de savoir si le DIH s’applique. C’est pourquoi, après quelques paragraphes généraux, la plupart des articles juridiques sur la guerre abordent directement le DIH. Ce n’est pas vraiment ce qui nous intéresse ici, mais comment, le cas échéant, cela nous aide-t-il à comprendre ce que nous observons et les risques, ou non, d’une « escalade » ?
Eh bien, la première chose à dire est que le personnel militaire étranger en Ukraine n’est pas nécessairement (fonctionnellement) dans la catégorie des combattants. Il peut s'agir d'officiers de liaison, de collecteurs de renseignements ou de responsables de la fourniture de l'aide. La simple présence de troupes étrangères sur le sol d’un autre pays n’est pas du tout inhabituelle en temps de paix et est assez courante en temps de conflit. Cependant, quelle que soit leur fonction, ils perdent leur statut protégé et peuvent légalement être attaqués s'ils participent à des opérations. De plus, ils ne bénéficient d’aucune protection particulière : si un groupe d’entrepreneurs militaires et de chercheurs en histoire militaire se trouve dans un bâtiment à Kiev touché par un missile, c’est leur malchance. Mais la présence de militaires étrangers ne signifie-t-elle pas que le pays qui les envoie est impliqué dans la guerre ? Pas nécessairement. Il y a tout un débat complexe sur ce qu’on appelle la cobelligérance et sur la question de savoir si cela s’applique aux nations occidentales présentes en Ukraine. (Réponse courte : personne ne le sait.) Cependant, dans le passé, la cobelligérance signifiait généralement un soutien militaire explicite, une participation à la guerre en tant que participant à part entière et un traitement de l’autre comme un ennemi déclaré. De toute évidence, rien de tout cela ne s’est produit dans le cas de l’Ukraine.
Ce n’est pas aussi étrange que cela semble paraître. Les pays fournissent en permanence une assistance militaire, une formation et des « conseillers », et entrent parfois en conflit les uns avec les autres. L’Iran semble aider les Houthis du Golfe à cibler les navires étrangers, mais n’est en guerre avec aucun de ces pays, pas plus qu’il ne l’est avec Israël en raison de son soutien au Hezbollah.
Après 1939, les États-Unis ont soutenu la Grande-Bretagne en allant jusqu’au bout de ce qu’ils pouvaient faire sans devenir co-belligérant, y compris en protégeant la marine marchande britannique. (Hitler a déclaré la guerre aux États-Unis en 1941 en grande partie parce que l’Allemagne serait alors en mesure de cibler directement les États-Unis et tous les navires marchands sous la protection de leur marine. Après tout, pensait-il, les États-Unis étaient déjà pratiquement en guerre. Pendant la guerre froide, les affrontements militaires mineurs étaient fréquents et pouvaient entraîner des morts. L’exemple classique est celui des troupes cubaines et sud-africaines qui se sont affrontées à grande échelle en Angola dans les années 1980, même si aucun des deux pays ne se considérait comme en guerre contre l’autre.
L’OTAN en Ukraine ?
La première chose utile que nous pouvons dire est que si des forces occidentales sont envoyées en Ukraine et que certaines sont tuées ou blessées, cela n’équivaut pas à une guerre « qui éclate » entre les États européens concernés et la Russie. Il serait bien entendu possible qu’un ou plusieurs de ces pays prennent la décision politique de s’impliquer formellement dans la guerre, d’identifier la Russie comme un ennemi et d’envoyer des troupes de combat, mais il s’agit en réalité d’un choix purement politique. Mais comme cela donnerait aux Russes le droit de frapper n’importe où sur le territoire de l’État concerné, ce ne serait sans doute pas une décision très judicieuse. Le résultat le plus probable serait des pleurs et des grincements de dents, mais c’est tout.
Mais qu’en est-il du fameux article V du traité de l’OTAN ? Cela ne signifie-t-il pas que le premier commis aux munitions de l’OTAN tué à Lvov précipitera la Troisième Guerre mondiale ? Non, ce n’est pas le cas. Regardons une énième fois la rédaction de cet article, en rappelant que, comme le note le site officiel de l'OTAN : « Les participants européens voulaient s'assurer que les États-Unis leur viendraient automatiquement en aide si l'un des signataires était attaqué ; les États-Unis n’ont pas voulu prendre un tel engagement et ont obtenu que cela soit reflété dans le libellé de l’article 5. » Cet article dit en partie :
« Les Parties conviennent qu'une attaque armée contre une ou plusieurs d'entre elles en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque contre elles toutes et conviennent par conséquent que, si une telle attaque armée se produit, chacune d'elles, dans l'exercice de son droit de légitime défense individuelle ou collective reconnue par l'Article 51 de la Charte des Nations Unies, aidera la ou les Parties ainsi attaquées en prenant immédiatement, individuellement et de concert avec les autres Parties, les mesures qu'elle jugera nécessaires, y compris le recours à force armée, pour restaurer et maintenir la sécurité de la zone de l’Atlantique Nord. »
Maintenant, il y a un certain nombre de subtilités ici. Commencer par une « attaque armée » contre l’un des États signataires, surtout si l’on considère la référence à l’article 51 de la Charte des Nations Unies, qui reconnaît le droit des États à l’autodéfense, doit clairement être quelque chose de substantiel, visant le territoire de l'État lui-même. Il ne peut pas s’agir d’un peloton quelconque errant dans Kiev. Et puisque l’objectif de toute action entreprise doit être de « restaurer et maintenir la sécurité de la zone de l’Atlantique Nord », alors, une fois de plus, les pertes parmi les troupes occidentales en Ukraine n’entrent clairement pas dans le champ d’application de cet article. Il convient de rappeler – même si cela continue d’être perdu de vue – qu’il n’y a rien d’automatique dans l’Art V. Si une attaque contre l’un est « considérée » comme une attaque contre tous, cela n’impose aucun devoir obligatoire aux signataires.
Et qu’en est-il du domaine d’application ? Ici, l’Art VI (rarement évoqué) est assez clair. Il s'agit du « territoire de l'une des Parties en Europe ou en Amérique du Nord », y compris ce qui était, à l'époque, des possessions d'outre-mer telles que l'Algérie, ainsi que « les forces, navires ou aéronefs de l'une des Parties, lorsqu'ils sont dans ou sur ces territoires ou toute autre zone d'Europe dans laquelle les forces d'occupation de l'une des Parties étaient stationnées à la date d'entrée en vigueur du Traité [août 1949, ndlr], la mer Méditerranée ou la zone de l'Atlantique Nord au nord du tropique du Cancer .» Maintenant, relisez-le attentivement. Elle couvre par exemple les attaques contre les forces terrestres, maritimes et aériennes sur le territoire des Parties ou dans les zones maritimes proches. C'est tout. Ces traités ne sont pas rédigés par des amateurs (pas à l’époque en tout cas), et leur formulation protégeait très clairement les États-Unis de tout engagement à venir en aide, par exemple, aux forces britanniques en Malaisie attaquées par les Chinois. De même, l’Art V n’a pas été invoqué lorsque les Argentins ont attaqué les îles Falkland en 1982.
En termes simples, les attaques contre les forces des membres de l’OTAN en Ukraine ne relèvent pas de l’article V. Et en tout état de cause, les pays ne sont pas tenus de faire quoi que ce soit de concret, même s’ils pensent que l’article a été déclenché. (L’Art V s’appliquait effectivement à l’Algérie, qui faisait alors partie de la France, mais pendant des années, d’autres membres de l’OTAN ont refusé d’envoyer une quelconque assistance pour combattre le FLN.)
Bien entendu, l’inverse est également vrai : rien n’empêche l’OTAN d’envoyer des troupes, de considérer les pertes subies par ces troupes comme un prétexte pour déclencher une guerre et, bien sûr, d’en subir les conséquences. Mais ce sont des décisions politiques et elles n’ont rien d’obligatoire. Elles n’impliquent aucun processus d’escalade automatique.
La notion d’escalade
Ah, l'escalade ! Tant de choses ont été écrites à ce sujet. Comme beaucoup d’autres sujets devenus incontrôlables, il repose finalement sur des idées sensées et à l’origine non controversées. À tous les niveaux, depuis les interactions individuelles jusqu’aux relations entre États, nous avons le choix de la manière dont nous réagissons au comportement des autres. Si nous avons un voisin dont les animaux détruisent notre jardin, nous avons le choix entre plusieurs réponses, depuis une plainte ou une lettre jusqu'à l'engagement d'un avocat. À un moment donné également, l’un de nous pourrait décider de pratiquer la désescalade, peut-être une conversation tranquille par-dessus la clôture du jardin. Dans une certaine mesure, les nations agissent de la même manière : les États-Unis ont fait monter la température politique avec des pays comme le Vietnam et la Corée du Nord, où le président russe s'est rendu, et en retour, la visite de Poutine dans ces pays, en particulier en Corée du Nord, était clairement une escalade politique. De même, l’escalade militaire – le recours ou la menace de forces plus nombreuses ou plus puissantes – est bien comprise. Enfin, dans les conflits aux règles acceptées au sein de communautés homogènes, notamment lors des guerres civiles, l’escalade et la désescalade existent bel et bien. La violence a sa propre logique, et l'escalade, des manifestations pacifiques aux manifestations violentes en passant par les fusillades, les attentats à la voiture piégée et les assassinats de personnalités importantes, passe par une séquence que les deux parties comprennent et que les deux parties peuvent décider, si elles le souhaitent, d'arrêter. Tout cela est bien beau, mais les problèmes arrivent lorsque nous essayons de prendre ce concept et de le systématiser à l’excès.
Par exemple, vous avez peut-être entendu parler de choses telles que les « échelons de l’escalade », qui sont des schémas détaillés de petits changements de haut en bas, en réaction ou en anticipation du comportement d’un adversaire. Encore une fois, comme description très large et générale des tentatives de gestion des crises, cela est acceptable. Mais assez rapidement, des « stratèges » comme Herman Khan et Bernard Brodie ont repris l'idée et ont produit des modèles élaborés d'escalade et de désescalade (celui de Khan comportait quarante-quatre étapes). Le concept continue de susciter beaucoup d'intérêt, et une recherche sur Google révélera des dizaines de modèles et de variantes d’escalade alternatives. Ce qui est bien sûr intéressant en soi, car si ces modèles prétendent décrire la réalité, alors un seul d’entre eux peut vraiment avoir raison (ou un petit nombre si l’on pousse le sujet et admettons des variantes).
Mais en réalité, ces modèles n’ont jamais tenté de décrire la réalité : ils étaient explicitement tirés de la théorie des jeux et des modèles économiques de marché, et supposaient donc une connaissance parfaite et une rationalité parfaite. (Être un stratège vous dispense heureusement du besoin de connaître quoi que ce soit sur l'histoire ou l'actualité.) C'étaient aussi des modèles universels, c'est-à-dire qu'ils s'appliquaient à toutes les sociétés et à tous les systèmes politiques, et un adversaire potentiel (généralement l'Union soviétique) partagerait essentiellement le même modèle et, plus important encore, comprendrait la même chose de nos actions que nous. (Une connaissance parfaite, encore une fois.) Bien sûr, les stratèges occidentaux sauraient que les Russes prendraient des initiatives face à notre évaluation, et en retour, ils savaient que nous le savions.
En revenant sur terre, quiconque possède la moindre habitude pratique de la politique internationale sait que la connaissance n'est jamais parfaite, qu'elle est de toute façon souvent dépendante d'hypothèses a priori, que les États ne se comportent pas toujours de manière rationnelle et que, dans la plupart des crises, les États ont des perceptions très différentes les uns des autres et des actions de chacun. L’une des conséquences est que les actions d’un État peuvent être considérées comme une escalade par d’autres. Ainsi, l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979 était une mesure défensive, comme le montrent les documents de l’époque, mais elle fut perçue par certains en Occident comme une escalade dans la lutte pour le contrôle du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud, et on s’attendait à ce qu’elle soit suivie par un autre mouvement vers l'Iran ou le Golfe.
En pratique, pendant presque toute la guerre froide, les deux parties se sont complètement mal comprises. Pire encore, ils pensaient qu’ils se comprenaient assez bien et que l’autre partageait leurs modèles intellectuels. Ainsi, la théorie de la destruction mutuelle assurée (MAD) était un modèle conceptuel occidental imaginé par des stratèges américains. Mais il n’y a aucune raison de supposer que l’Union soviétique ait jamais développé indépendamment le même modèle, ou qu’elle ait d’ailleurs été convaincue par le modèle occidental, ou qu’elle le comprenne maintenant.
Escalade en Ukraine ?
Nous pouvons voir cette dynamique à l’œuvre dans le cas de l’Ukraine, où la définition de « l’escalade » dépend entièrement de qui vous êtes et d’où vous partez. Ainsi, dans les années 1990 et au-delà (non envisagée à l’origine en 1990), l’expansion de l’OTAN était considérée comme défensive par les petits États inquiets d’une Russie revanchiste et par un Occident inquiet de la possibilité d’un conflit et d’une instabilité dans une région notoirement instable. Mais les Russes considéraient cela comme une escalade. Les premières ouvertures faites à l’Ukraine au cours du nouveau millénaire ont été une fois de plus considérées comme une stabilisation par un côté et une escalade par l’autre. L’intégration russe de la Crimée en 2014 a été perçue par l’Occident comme une escalade majeure, tandis que la réponse occidentale a été perçue comme une escalade par les Russes. La résistance dans l’est de l’Ukraine a été perçue par l’Occident comme une escalade orchestrée depuis Moscou, même si les Russes la considéraient comme défensive. Les accords de Minsk étaient perçus par l’Occident comme décourageant une nouvelle escalade russe, et par les Russes comme empêchant une nouvelle escalade. L’aide militaire ultérieure à l’Ukraine a été considérée par l’Occident comme contribuant à décourager toute nouvelle escalade russe, en cas d’échec des accords de Minsk, alors que les Russes y voyaient une escalade en soi. Les historiens débattront pendant des générations pour savoir qui avait « raison », mais là n’est pas la question. Malgré tout ce qu’ils peuvent croire de chaque côté, le fait est qu’un geste défensif d’une nation devient une escalade pour une autre nation, et cela a été vrai tout au long de l’histoire.
Et bien entendu, « l’escalade » n’est pas seulement un concept technique. Il vise à atteindre un objectif politique. Le problème est que de tels objectifs politiques sont difficiles à cerner pratiquement et qu'il n'existe aucun moyen automatique de relier les actions que vous entreprenez à l'effet que vous souhaitez obtenir. La plupart du temps, l’escalade vise à « envoyer un message », à « faire preuve de détermination », à « décourager l’agression », etc. Il existe désormais des cas limités dans lesquels cela pourrait fonctionner. Le concept de « maitrise de l’escalade » dans une crise politico-militaire signifie que vous pouvez utiliser des niveaux de force que votre adversaire n’a pas, et cela peut aider à résoudre la crise en votre faveur. Mais plus généralement, ces effets sont des vœux pieux et, plus important encore, sont interprétés à tort par l’opposition comme des menaces auxquelles il faut répondre avec une escalade équivalente, voire supérieure. Ainsi, en 1914, les États européens ont mobilisé leurs forces pour « décourager », par exemple la Russie qui soutient la Serbie ou l’Allemagne qui soutient l’Autriche, et ainsi empêcher une escalade. Nous savons comment cela s'est passé.
Ainsi, une grande partie des discours, de la peur ou de l’anticipation délirante d’une « escalade » n’a en fait aucun sens, ou au mieux, est trop vague pour être utile. Des expressions telles que « si X se produit, l’OTAN n’aura d’autre choix que d’escalader » supposent qu’il existe un processus d’escalade défini, dont les étapes sont connues de tous et dont les effets peuvent être prédits. Mais les stéréotypes culturels sont ici largement dépassés. Cela ne se passe plus comme cela : en effet, nous ne savons plus comment faire dans ces cas-là. Beaucoup de ceux qui parlent avec désinvolture d’une « implication » de l’OTAN n’ont pas la moindre idée de ce que cela implique, supposant, comme ils le font, qu’il suffit d’une brève démonstration de supériorité militaire sur le champ de bataille en Ukraine.
Souvenirs de la Guerre Froide
Durant la guerre froide, l’« escalade » était une réalité dans une certaine mesure. L’OTAN et les pays occidentaux disposaient de vastes plans militaires d’urgence, et nous pouvons supposer que le Pacte de Varsovie en avait également. Les nations elles-mêmes avaient des plans très détaillés pour ce qu’on appelait la « transition vers la guerre », qui étaient fréquemment testés tant au niveau national qu’international. En Grande-Bretagne, il existait un document appelé « War Book », un document hautement classifié (je n'en ai jamais vu que des extraits), qui existait apparemment en moins d'une centaine d'exemplaires. Il s’agissait essentiellement d’un recueil de décisions que le gouvernement ou ses représentants pouvaient être appelés à prendre en cas de crise internationale, allant des plus banales aux plus absolument terrifiantes. Il s’agissait d’un modèle pour mener une véritable guerre, assumant la nécessité de protéger la population, appelant et envoyant des réservistes militaires et mettant le pays sur un véritable pied de guerre.
Par exemple, au Royaume-Uni, le Parlement se serait réuni brièvement pour adopter la loi sur les pouvoirs d'urgence (Defense Act), puis se serait dispersé, donnant au gouvernement le pouvoir de gouverner par décret. Le gouvernement lui-même aurait été réparti dans tout le pays. Toutes les chaînes de télévision et de radio auraient été fermées pour être remplacées par le service de radiodiffusion en temps de guerre, les hôpitaux des grandes villes auraient été fermés et le personnel et les installations auraient été mis hors de danger. Les patients non urgents auraient été libérés. Les réservistes militaires seraient rappelés, tous les moyens de la protection civile mobilisés, les moyens de transport réquisitionnés et le rationnement de la nourriture et d'autres articles mis en place. Les stocks stratégiques de nourriture et de carburant auraient été activés. Des milliers de soldats seraient mobilisés pour protéger ce que l’on appelait les Points Clés, des sites essentiels au maintien du pays. C'était comme cela dans ces temps-là.
Désormais, « l’escalade » de la guerre contre la Russie devrait logiquement inclure la gestion des conséquences de l’escalade déloyal d’actes belliqueux comme la destruction de centres de gouvernement et de quartiers généraux militaires des pays occidentaux, ainsi que, peut-être, de plaques tournantes du transport, bases aériennes, bases navales, installations de stockage et de maintenance, grands ports et installations de production et de transport d'électricité. (Il est d’ailleurs douteux que les partisans d’une « implication » aient la moindre idée des conséquences potentielles.) À l’époque de la guerre froide, la menace provenait des bombardiers contre lesquels il existait au moins une défense. Aujourd’hui, la menace vient des missiles hypersoniques, pour lesquels il n’existe pas de véritable défense, car les États européens eux-mêmes disposent de peu ou pas de systèmes antimissiles capables, même en théorie, de protéger les zones vulnérables. Et même les radars d’alerte précoce, comme celui de Fylingdales au Royaume-Uni, ne pourraient, au mieux, donner un avertissement que de quelques minutes. De plus, la létalité des missiles est très largement une question de précision et, dans une certaine mesure, de vitesse, et une poignée de missiles hypersoniques russes pourraient réduire en ruines les bâtiments gouvernementaux de Londres, Paris ou Berlin.
Une telle attaque, utilisant au maximum 30 à 40 missiles par pays, probablement en plusieurs vagues, mettrait un terme à la vie normale, et il est important de comprendre pourquoi. Jusque dans les années 1990, les gouvernements disposaient de lois d’urgence et mettaient en œuvre des procédures d’urgence. Pratiquement tout cela a disparu. Les gouvernements ont peu d’expérience et peu de capacités pour gérer les urgences majeures et n’y pensent plus beaucoup. Les secteurs publics ont été réduits et ont perdu leurs compétences. Une grande partie du fonctionnement du pays est confiée à des sociétés privées, souvent basées à l’étranger. Même si un gouvernement pouvait déterminer quoi faire, il ne dispose plus des installations nécessaires pour le faire, ni des pouvoirs juridiques nécessaires. L’armée n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était, et les services d’urgence de la plupart des pays ont du mal à faire face, même dans des conditions normales. La protection civile au sens ancien du terme existe à peine, tout comme les stocks stratégiques de nourriture et de carburant, et l’Europe est beaucoup plus dépendante des importations pour tout qu’elle ne l’était il y a quarante ou cinquante ans. Enfin, les événements récents ont montré que les gouvernements d’aujourd’hui sont physiquement incapables de contrôler les troubles sociaux généralisés.
Une guerre en Europe aujourd’hui ?
Donnons simplement deux exemples de ce à quoi pourrait conduire une « escalade » vers une « guerre ». Pendant la guerre froide, les gouvernements se seraient dispersés dans des logements présélectionnés et protégés, en dehors des capitales. Il existait (à l’époque) des systèmes de communication très sophistiqués et redondants pour permettre au gouvernement de continuer. À ma connaissance, aucun logement sécurisé de ce type n'existe actuellement dans aucun pays européen, et aucune planification ne prévoit comment et où la dispersion pourrait avoir lieu. De nos jours, la communication se fait par téléphone mobile via des antennes relais vulnérables et par Internet, et nécessite une alimentation électrique constante. Il est probable que les ressources gouvernementales et militaires ayant survécu à une attaque resteraient coupées les unes des autres pendant très longtemps. Bien entendu, la déréglementation des médias audiovisuels et l’avènement d’Internet rendent désormais impossible le contrôle de l’information. Il est facile d’imaginer de fausses émissions diffusées soi-disant par des dirigeants nationaux grâce à l’IA, ou des canulars massifs par SMS demandant aux gens de se présenter à leur commissariat de police local pour être enrôlés.
Deuxièmement, les gouvernements seraient submergés par un flot de problèmes quotidiens imprévus et probablement insolubles. Prenez-en un très simple. Il y a près de 750 000 étudiants étrangers qui étudient au Royaume-Uni (beaucoup plus que ce n’était le cas dans les années 1980), dont environ les deux tiers viennent de pays extérieurs à l’UE. (Les derniers chiffres disponibles suggèrent qu’environ 150 000 d’entre eux sont chinois.) Si vous étiez étudiant dans un continent dont les dirigeants sont devenus fous et déclaraient la guerre à la Russie, vous voudriez certainement être ailleurs. Mais comment la foisonnante génération d’administrateurs universitaires hautement rémunérés d’aujourd’hui va-t-elle gérer ce problème ? Et que se passe-t-il lorsque des dizaines de milliers d’étudiants désespérés assiègent l’aéroport d’Heathrow et les terminaux Eurostar à la recherche de vols et de trains ? Et bien sûr, une partie des 35 millions de visiteurs annuels au Royaume-Uni tenteront également de rentrer chez eux, à un moment où le gouvernement a l’intention de transformer les aéroports en bases de dispersion pour les avions militaires. (La même chose se produira bien sûr dans toute l’Europe.) Je mentionne maintenant cet exemple délibérément trivial parce qu’il s’agit d’un exemple parmi des dizaines pour lesquels aucune préparation n’aura été faite et aucun plan n’existe, et sur lesquels les gouvernements devront prendre des mesures. décisions rapides. Malheureusement, les mécanismes permettant de mettre en pratique ces décisions n’existent pour la plupart plus.
Il n’est du coup pas impossible que les gouvernements occidentaux se désagrègent simplement sous la pression de devoir soudainement essayer d’improviser des mesures pour faire face aux conséquences pratiques d’une « escalade » et d’une « implication ». En termes simples, une société « juste à temps » ne peut pas faire la guerre dans aucun sens pertinent du terme.
Ce qui précède, je l’espère, met les concepts d’« escalade » dans une espèce de perspective. « Escalade » n’est qu’un mot, représentant le souhait des gouvernements faibles de prendre des mesures vaguement définies pour paraître forts. Mais comme je l’ai souligné sans cesse, l’OTAN n’a rien pour escalader, et nulle part où escalader. Il ressort également clairement de ce qui précède, je pense, que l’OTAN n’a pas non plus la capacité organisationnelle d’escalader la situation, si ce n’est de faire de la gesticulation idiote. La structure décisionnelle politique et bureaucratique par étapes de la guerre froide a disparu depuis longtemps, de sorte que l’idée selon laquelle « l’escalade » pourrait, dans un certain sens, « devenir incontrôlable » n’a aucun sens. Parler de « Troisième Guerre mondiale » n’a donc aucun sens non plus.
Les occidentaux n’ont pas d’options.
Il est très difficile pour les « stratèges » occidentaux de se rendre compte à quel point les options occidentales sont limitées, c’est pourquoi il y a tant de discours insensés et si peu d’analyses éclairées. Il est surprenant, dans toute cette sombre affaire, de voir que les « stratèges » semblent déconnectés de la réalité dans tous les sens du terme. Tout comme ils ne peuvent pas apprécier si la Russie est ridiculement faible ou terriblement puissante, ils ne peuvent pas non plus apprécier si les États-Unis, en particulier, sont un empire en phase finale de désintégration ou un acteur hyper puissant dirigeant tout ce qui se passe dans le monde. La réaction à mon observation selon laquelle l’Occident est faible et sans vision est trop souvent « ils penseront à quelque chose » et « ils sont fous », qui ne sont pas des réponses mais des moyens d’éviter la réalité.
« Ah, mais ils ont des armes nucléaires et ils vont faire exploser le monde ! » En fait, non. À l’époque, la stratégie de l’OTAN reposait sur le fait qu’elle ne pouvait déployer des forces comparables aux forces conventionnelles de l’Union soviétique, pour des raisons économiques. À un moment donné, dans un hypothétique conflit futur, lorsque les forces de l’OTAN auraient été repoussées vers ce qu’on appelle la Ligne Omega, il faudrait décider s’il fallait ou non utiliser des armes nucléaires tactiques contre de grandes concentrations de troupes soviétiques. L’espoir était que cela persuaderait l’ennemi de mettre fin à la guerre. Il n’existe aujourd’hui aucune logique similaire, aucun processus décisionnel similaire et (presque) aucune arme similaire. On estime qu’il y a environ une centaine de bombes nucléaires américaines B61 de type chute libre, en Europe. Leurs mouvements sont impossibles à dissimuler et tenter de les implanter en Ukraine serait incroyablement dangereux. Il serait par exemple possible de les baser en Roumanie : depuis une base à l’est du pays, on pourrait probablement rejoindre Kherson avec un F16, si cela ne dérange personne de détruire une ville ukrainienne et de tuer des soldats ukrainiens. Oh, et il y a aussi la petite question de la défense aérienne russe dont il faudrait s’inquiéter. Alors oubliez cette idée, et il n’y en a pas d’autres.
Au-delà de cela, nous sommes dans le domaine des armes nucléaires stratégiques, et cela prendrait un autre essai aussi long que celui-ci, donc cela attendra ! Je ferais simplement observer en passant que (1) à moins que vous ne compreniez la distinction entre « première utilisation » et « première frappe », vous ne comprenez rien, et que (2) la « première frappe » et les bruits de guerre nucléaire en général sont hors de propos depuis la fin des années 1970, avec le déploiement généralisé de capacités de seconde frappe, notamment grâce aux sous-marins.
Peut-être qu’en fin de compte, ce n’est qu’un jeu de langage. Peut-être que tout un groupe de politiciens ignorants et agressifs crient à la « guerre»et« s’impliquent»pour garder le moral, sans avoir la moindre idée de ce dont ils parlent, ni de ce que signifierait une guerre en pratique. Après tout, l’OTAN n’a pas le droit de dicter les règles si elle « s’implique». Les Russes, qui savent ce qu’est la guerre et comment la mener, auront leurs propres idées à ce sujet. Je ne m’inquiète pas, comme je l’ai déjà dit, du recours aux armes nucléaires. Je m’inquiète du fait que des politiciens irresponsables, poussés par des médias hystériques, se retrouvent dans des situations susceptibles d’endommager, voire de détruire, leur pays sans qu’il ait été nécessaire de tirer un seul coup de feu
It really makes me sad that I have lost so much of my French. But, Centre national d'entraînement commando, CNEC was close to fifty years ago. Sigh.