Le Missile passera toujours ... mais qui est prêt à l’admettre ?
Another of my essays in French.
Warm thanks again to Hubert Mulkens, who has produced another excellent translation of one of my essays. This is a French translation of The Missile Will Always Get Through, published originally on 4 December. It raised some considerable interest and quite a few comments in the English version: this translation will, I hope, give those with French as their first language, an opportunity to read and comment also. As always, I am very happy for translations of my essays into other languages to appear: I would just ask that you let me know and provide a link to the original. And I will be back with a new essay in English in ten days or so. So now let’s pass the microphone to Hubert ….
***********************************
Il y a quelques semaines, j’expliquais que l’Occident ne comprenait pas vraiment ce qu’était une stratégie et qu’il était donc tout à fait incapable de comprendre les objectifs et les stratégies russes dans la crise ukrainienne. J’avais également suggéré que la situation allait empirer plutôt que de s’améliorer et que l’Occident allait bientôt encaisser de mauvaises surprises.
A peine ces mots avaient-ils été expédiés de mon clavier à votre écran que les Russes ont parfaitement répondu à l’appel en tirant un nouveau type de missile conventionnel pour détruire un grand complexe industriel en Ukraine. La réponse occidentale à cet incident a été intéressante : un mélange de perplexité totale, d’illusions résiduelles de supériorité technique et d’espoir qu’il n’existe qu’un seul missile de ce type et que le problème disparaîtra tout simplement. Je ne vais pas me permettre de discuter des caractéristiques techniques du missile et de sa charge utile, car je n’en sais pas plus sur la balistique et les fusées que la plupart de ceux qui s’amusentà commenter. Je vais plutôt parler des implications stratégiques et politiques de ce qui s’est passé et de la direction qui peut être prise. (Dans une certaine mesure, il s'agit d'une mise à jour de l'un de mes premiers essais, et je peux revendiquer un certain degré de prescience.)
Certaines choses sont évidentes. Il s'agissait d'un missile à portée intermédiaire, et il peut donc atteindre n'importe quelle partie de l'Europe depuis la Russie occidentale, et certaines parties des États-Unis s'il est tiré au-dessus du Pacifique. Il transporte une charge conventionnelle avec apparemment six ensembles d'ogives multiples, ce qui permet de déployer trente-six armes distinctes depuis une haute altitude. Ces armes semblent être des projectiles à énergie cinétique qui frappent le sol très violemment - dix fois la vitesse du son a été annoncé - détruisant ainsi leurs cibles par l’énergie cinétique et la très haute température induite. C'est tout ce que je vais en dire, car c'est tout ce que nous savons avec certitude, au moment de la rédaction de cet article, et je pense que tous les détails auront beaucoup moins d'importance en termes politiques que le tableau général.
Portée, précision, effet d’une arme « projetée »
Alors, toute arme qui n'implique pas de contact physique avec l'ennemi, d'un arc et d'une flèche jusqu'à un missile balistique, peut être décrite comme une arme à "projectile", et une telle arme a trois caractéristiques : la portée, la précision et l'effet. Comme vous pouvez l’imaginer, ces éléments sont interdépendants. Une flèche qui a atteint la limite de sa portée, une charge explosive trop petite ou une bombe puissante larguée de manière imprécise seront toutes moins efficaces qu’elles ne pourraient l’être. Mais commençons par la portée.
Il est clair que si vous pouvez attaquer l’ennemi à une distance plus grande que celle à laquelle il peut vous attaquer, vous avez un avantage sur le champ de bataille. Si vous pouvez attaquer les zones arrière de l’ennemi, y compris ses dépôts de munitions et ses zones de rassemblement, et qu’il ne peut pas riposter, vous avez un avantage encore plus grand. Et si vous pouvez attaquer la capitale, les usines et les centres de commandement de l’ennemi, sans être vous-même vulnérable, alors vous avez un avantage très important. Ainsi, dans la guerre actuelle, les Ukrainiens ont pu lancer quelques attaques de drones sur Moscou, mais ni eux ni l’Occident ne disposent d’armes qui pourraient atteindre Moscou de manière fiable et en nombre suffisant depuis le territoire ukrainien en déjouant les défenses russes, alors que les Russes peuvent frapper Kiev à peu près quand ils le désirent.
Puissances navales et puissances terrestres : deux conceptions de l’attaque
Comme je l’ai indiqué, le projectile doit évidemment aller aussi loin que se trouve sa cible. Dans le cas des armes à longue portée, cela signifie non seulement être physiquement capable de parcourir la distance, mais aussi survivre à toutes les mesures défensives qui pourraient être employées. Nous rencontrons ici le premier point critique concernant les nouvelles technologies russes, mais aussi la stratégie russe traditionnelle et la façon dont elle diffère de celle de l’Occident.
La stratégie occidentale depuis la Première Guerre mondiale a été d’utiliser des avions pilotés pour mener des attaques contre l’ennemi. (L’Union soviétique n’a jamais joué qu’avec le bombardement stratégique.) Les principaux partisans en étaient les Britanniques et les Américains, essentiellement des puissances navales, protégées par les océans contre les attaques directes, et donc habituées à mener des guerres à distance. L’Union soviétique, avec ses vastes frontières et une tradition de guerre terrestre, voyait la puissance aérienne principalement comme un moyen d’influencer directement le combat au sol. S’appuyant sur son intérêt historique pour l’artillerie et exploitant la technologie et les personnels allemands capturés, l’Union soviétique, puis la Russie, ont consacré beaucoup d’efforts au développement de missiles de toutes sortes, à la fois pour frapper des cibles à longue distance et pour se défendre contre les attaques aériennes et les missiles.
L’Occident, dans l’ensemble, n’a pas fait de même. Pour des raisons historiques et politiques, il a privilégié l’utilisation d’avions pilotés et a accordé beaucoup moins d’attention aux missiles. La conception occidentale de l’utilisation de la puissance aérienne pendant la guerre froide (et elle n’a pas fondamentalement changé) consistait à percer une brèche dans les défenses soviétiques à l’aide d’armes de suppression de défense (y compris celles qui ciblent les radars) afin que les avions d’attaque puissent attaquer les aérodromes et autres cibles prioritaires à l’arrière. Cela supposait, bien sûr, de pouvoir contrôler l’espace aérien, au moins suffisamment pour que les avions d’attaque puissent passer et pour certains, au moins, revenir. Mais depuis longtemps, les avions d’attaque sont de plus en plus chers et complexes, et sont achetés en plus petit nombre, alors que les missiles antiaériens restent d’un ordre de grandeur moins chers et nécessitent beaucoup moins de maintenance et de formation. Bien qu’il soit théoriquement possible pour les avions occidentaux de tenter de percer les défenses aériennes russes et de bombarder des cibles à l’intérieur du pays, les pertes seraient probablement si énormes qu’on peut se demander si cela en vaut la peine, surtout compte tenu de la puissance destructrice limitée des armes que la plupart des avions occidentaux embarquent aujourd’hui.
En se concentrant sur les missiles, alors que l’Occident s’est concentré sur les avions, la Russie s’est dotée de la capacité de frapper n’importe où en Europe, tout en étant largement à l’abri de toutes représailles significatives. Mais qu’en est-il de ces missiles ? Ne peuvent-ils pas être arrêtés ? Nous en arrivons ici à une distinction très importante entre une capacité théorique et une capacité utile. Nous entendons souvent raconter que des missiles russes sont « abattus » par l’Ukraine, mais pour la plupart, il s’agit soit de drones (y compris de drones leurres destinés à attirer les tirs), soit de missiles de croisière relativement lents. Abattre un missile se déplaçant à plusieurs fois la vitesse du son sur une trajectoire balistique est extrêmement difficile : c’est comme tirer une balle avec une autre balle. Étant donné la vitesse à laquelle la plupart des missiles russes se déplacent, même en détecter un et tenter de l’engager est un défi, et hormis quelques tirs chanceux, les Ukrainiens semblent avoir échoué.
L’Occident n’a pas de défense antimissile crédible
L’Occident dispose d’une capacité limitée en matière de défense antimissile balistique de zone d’opération, conçue pour intercepter les missiles à courte et moyenne portée près de leurs cibles : des noms comme Patriot, Terminal High-Altitude Air Defence (THAAD) et Aegis sont familiers dans les médias occidentaux. Depuis vingt-cinq ans, les États-Unis développent également le système de défense à mi-course basé au sol, conçu, comme son nom l’indique, pour cibler les missiles en phase de mi-course, hors de l’atmosphère terrestre. Le premier système a un bilan mitigé, y compris en Ukraine, et pourrait être relativement facilement submergé simplement par la quantité et par des leurres. Le second n’a jamais été conçu que pour avoir une capacité contre les missiles lancés accidentellement, ou en petit nombre par la Corée du Nord ou l’Iran. La capacité réelle, même dans ce scénario limité, est très discutable. La situation est aggravée par la capacité apparente des nouvelles armes conventionnelles russes à larguer des sous-munitions qui peuvent, dans certains cas, manœuvrer de manière indépendante. On peut supposer que la Russie va bientôt déployer des missiles balistiques conventionnels en nombre suffisant, avec des aides à la pénétration suffisantes et des têtes manœuvrables indépendamment, de sorte que les défenses occidentales existantes seront largement inefficaces.
En fin de compte, c’est une question de volume, comme cela a toujours été le cas. Les trois composantes que sont la portée, la précision et l’effet sont interdépendantes, plus l’effet d’une seule mission est important, plus vous êtes proche d’atteindre votre objectif. Aux premiers jours des bombardements pilotés, alors que l’essentiel des connaissances sur les effets des armes étaient hypothétiques, un seul raid d’une « flotte aérienne » était considéré comme suffisant pour détruire une grande ville : c’était supposé être la façon dont la prochaine guerre commencerait. Le niveau de destruction envisagé était similaire à celui que nous associons aujourd’hui aux armes nucléaires. Ainsi, si la flotte aérienne ennemie pénétrait vos défenses, même avec des pertes considérables, et bombardait la cible, la guerre pouvait être terminée immédiatement. C’est pourquoi l’homme politique britannique Stanley Baldwin a soutenu lors d’un débat parlementaire en 1932 que « les bombardiers parviendraient toujours à passer », car il n’était tout simplement pas possible de faire décoller la défense assez rapidement pour trouver et détruire les bombardiers avant qu’ils ne larguent leurs bombes, ce qui mettrait fin à la guerre en « cinq minutes ». D’où son puissant plaidoyer en faveur du désarmement.
Les remarques de Baldwin ont été moquées pour une raison ou une autre, mais il avait bien sûr raison en 1932. Les avions de chasse étaient à peine plus rapides que les bombardiers et étaient moins armés, et le radar (la principale raison de la victoire britannique dans la bataille d’Angleterre) ne serait pas disponible avant quelques années. Même à cette époque, le contrôle au sol des avions de chasse était encore loin d’être assuré. Lorsque les Britanniques eux-mêmes commencèrent à bombarder les villes allemandes, il devint vite évident qu’il n’y aurait pas de résultats rapides et que la lutte serait essentiellement d’usure. Les défenses aériennes allemandes détruisirent en moyenne seulement 3 % des avions attaquants (ce qui signifiait que mathématiquement, peu d’équipages allaient terminer une tournée de 30 missions), mais les raids individuels de la Royal Air Force furent loin d’être les coups de grâce décisifs espérés.
La précision
Après la portée vient la précision, et on pourrait raisonnablement s’attendre à ce que, plus la portée augmente, plus la précision devient un problème plus important. La précision est importante pour les armes explosives (et les armes nucléaires aussi), car la puissance d’une explosion conventionnelle ou nucléaire est transmise dans toutes les directions et diminue donc très rapidement avec la distance. La raison pour laquelle les ogives nucléaires d’aujourd’hui ont une puissance bien inférieure à celle des monstres des années 1950 et 1960 (le RD-220 soviétique avait une puissance d’au moins 50 mégatonnes) est qu’elles sont beaucoup plus précises et qu’elles sont larguées par des missiles plutôt que par des avions. La précision est évidemment essentielle pour les armes à énergie cinétique, car elles sont inutiles à moins de frapper directement : une quasi-collision n’est pas une bonne chose, comme l’a démontré la tentative d’assassinat de Donald Trump.
La précision à longue portée a toujours été un problème, mais pour garder le fil de la discussion, nous allons nous concentrer sur les armes larguées par voie aérienne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le simple fait de trouver des cibles s’est avéré beaucoup plus difficile que prévu. Les équipages de bombardiers de la RAF s’entraînaient en temps de paix en suivant des itinéraires de jour entre des coordonnées connues, pour économiser de l’argent. Trouver des cibles inconnues à distance, même de jour, s’est avéré beaucoup plus difficile, même si personne ne tirait sur vous. Vous le comprendrez si vous avez déjà eu un siège côté hublot dans un avion survolant une ville que vous connaissez : d’en haut, il est très difficile de savoir où vous êtes, même si vous connaissez bien la ville. La nuit et en cas de black-out, bien sûr, le problème était bien plus important : un rapport d’août 1941 indiquait une erreur moyenne de cinq miles par rapport à la cible assignée, de sorte que de nombreuses bombes tombaient beaucoup trop loin. D’énormes efforts ont été déployés pour améliorer la précision des attaques aériennes après 1945.
La précision des missiles ou de leurs sous-munitions est généralement calculée en termes d’erreur circulaire probable, ou CEP. Dans le langage courant (en évitant ici des définitions plus sophistiquées), nous pouvons dire que le CEP est le rayon d’un cercle dans lequel la moitié des projectiles tomberont. Ainsi, un CEP de 100 mètres signifie que la moitié des projectiles atterriront dans un cercle de 200 mètres de diamètre. En revanche, un CEP de 200 mètres signifie que la moitié des projectiles tomberont dans un cercle de 400 mètres de diamètre, et ainsi de suite. On estime que le premier missile balistique, le A-4 ou V-2 allemand, avait un CEP d'environ 4 à 5 km, ce qui signifie qu'il ne pouvait être lancé que dans la direction générale de Londres (ou plus tard d'Anvers) dans l'espoir d'au moins toucher quelque chose. En revanche, certaines des armes utilisées par la Russie en Ukraine, comme le Kinzhal, auraient un CEP de seulement 10 à 20 mètres, ce qui a rendu leur utilisation contre de petites cibles praticable à longue distance. Une précision améliorée signifie également qu'il faut utiliser moins d'armes pour obtenir un effet donné, ce qui permet d'atteindre un plus grand nombre de cibles.
Et l’effet attendu
Enfin, même le projectile le plus précis capable d'atteindre la cible doit également avoir l'effet souhaité, ce qui n'est parfois pas possible. Ainsi, avant l'invention des armes à feu, les blindages de cavalerie étaient devenus pratiquement résistants aux flèches grâce à une conception astucieuse et à l'utilisation de nouveaux matériaux. De même, en 1940, le blindage allemand, relativement peu protégé, était encore suffisamment bon pour résister aux tentatives françaises et britanniques de le détruire, et il fallut plusieurs années avant que des armes antichars portables capables de produire l'effet souhaité ne soient développées.
Il existe deux types d’effets fondamentaux des armes. L’un consiste à provoquer une explosion chimique ou nucléaire, l’autre consiste à provoquer des dégâts grâce à l’énergie de l’impact d’un projectile, concentrée (comme dans le cas de la flèche) dans la plus petite zone possible. Les développements récents des missiles russes incluent les deux types d’effets, en fonction de l’utilisation envisagée. Leurs caractéristiques communes semblent être que les missiles se déplacent à très grande vitesse, ce qui les rend difficiles à intercepter et réduit le délai d’alerte, qu’ils peuvent manœuvrer en vol, que certains d’entre eux ont une très grande portée et que tous sont réputés très précis. En général, leurs performances semblent supérieures à celles des armes occidentales comparables, là où elles existent. Je vais laisser de côté une masse de discussions techniques pour lesquelles je ne suis pas qualifié, et me concentrer uniquement sur un point, qui a une importance politique fondamentale. Il est désormais clair que les Russes, forts de leur longue maîtrise des technologies de missiles et d’artillerie, ont développé une série de capabilités qui leur permettent, ou leur permettront bientôt, de lancer des missiles avec une grande précision, sur de très longues distances, et d’infliger des dégâts à une cible qui n’auraient pu être obtenus par le passé que par une attaque conventionnelle massive ou par des armes nucléaires tactiques. Cette affirmation mérite d’être un peu éclaircie.
Au moment où nous mettons sous presse, de nombreux doutes et incertitudes subsistent quant aux performances de certaines de ces armes, sans parler de leurs développements ultérieurs potentiels. On peut passer des heures, par exemple, à lire des arguments techniques sur les caractéristiques du missile Oreshnik utilisé récemment en Ukraine, la nature exacte de sa charge utile et ses effets. Mais ce qui ne fait aucun doute, c’est que la Russie est désormais capable de produire, en nombre utile, des armes que l’Occident n’a pas, et n’aura probablement jamais, et contre lesquelles il n’existe actuellement aucune défense efficace. Ces armes sont capables de viser directement les installations occidentales ; il s’agit d’un point important –j’y reviendrai plus loin –que les politiciens et les experts occidentaux semblent vouloir à tout prix ignorer. On peut supposer que les Russes continueront à développer ces armes et que, si certaines capacités leur échappent actuellement, elles pourraient bien être développées bientôt. Pour les raisons que je développerai plus loin, il est peu probable que l’Occident puisse suivre leur exemple.
L’impact stratégique
Ensuite, nous ne nous intéressons pas ici au champ de bataille (où les missiles russes ont, bien entendu, également joué un rôle important) mais au niveau opérationnel/stratégique de la guerre : les quartiers généraux nationaux, les dépôts et les installations de stockage, les bases aériennes, les ports et les havres, et bien sûr toute l’infrastructure du gouvernement et de prise de décision, ainsi que les communications stratégiques. Pour la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis, cela inclut également la chaîne de déclenchement nucléaire. Ces installations sont généralement situées à bonne distance du champ de bataille et, dans certains cas, peuvent être physiquement protégées contre les attaques, ou dotées d’une défense aérienne, ou les deux.
Historiquement, ces cibles ont presque toujours été attaquées par des avions pilotés, lançant souvent des missiles de différents types, pour éviter de s'approcher trop près de la cible. Mais ces cibles sont très difficiles à détruire, ou même à mettre hors service pendant de longues périodes. Les bases aériennes, les ports et les havres sont des cibles vastes et souvent dispersées, couvrant potentiellement des dizaines de kilomètres carrés. Inversement, un quartier général peut être petit et construit sous terre avec protection, et sa position par rapport aux repères de surface peut ne pas être évidente. De nombreux bâtiments gouvernementaux se trouvent dans les centres-villes et sont difficiles à attaquer sans conséquences politiquement risquées pour la population civile.
Pendant la guerre froide, on supposait que la Grande-Bretagne, en tant que base arrière majeure de l'OTAN, serait attaquée par des avions soviétiques avec des munitions conventionnelles, du moins dans les premiers stades d'une guerre. Les avions soviétiques n'essaieraient pas de traverser le front central, mais arriveraient au-dessus de la mer du Nord pour lancer leurs armes contre des cibles sur le continent et contre des ports sur la côte européenne. Une grande partie des efforts de la Royal Air Force a été consacrée à essayer de contrer cette menace, à la fois pour vaincre les chasseurs qui les accompagnaient et pour détruire les bombardiers avant qu'ils ne puissent larguer leurs armes. La génération actuelle de chasseurs européens – le Typhoon et le Rafale – a été conçue, dans les dernières années de la guerre froide, avec cette mission principale. Même si des cibles opérationnelles/stratégiques en Europe occidentale seraient sans doute encore touchées en cas de guerre avec la Russie, il est assez clair que les Russes utiliseraient des missiles partout où cela serait possible, ce qui laisse à l’Occident un problème et une structure de force aérienne obsolète si les Russes ne veulent pas « jouer » au combat aérien.
L’alternative était bien sûr l’utilisation d’armes nucléaires tactiques, ce que les deux camps avaient accepté. L’OTAN espérait que l’utilisation de telles armes, une fois que les forces du Pacte de Varsovie auraient franchi une certaine ligne, constituerait un choc qui amènerait un règlement négocié, même si à l’époque beaucoup d’entre nous pensaient que ce n’était qu’une belle illusion. Quoi qu’il en soit, comme il n’y avait aucune chance d’égaler la taille et la puissance des forces du Pacte de Varsovie, les armes nucléaires tactiques se sont imposées d’elles-mêmes sur le champ de bataille. Mais elles étaient également reconnues comme le seul moyen fiable de détruire complètement une base aérienne, par exemple. Les armes conventionnelles pouvaient endommager les pistes et empêcher les avions de voler pendant un certain temps, mais mettre une base aérienne hors service de manière permanente était extrêmement difficile et coûteux avec des armes conventionnelles : ainsi, le système JP233 nécessitait qu’un avion vole directement sur toute la longueur d’une piste en dispersant des sous-munitions sur son passage. Les missiles seraient donc un moyen évident d’attaquer de telles cibles, mais si vous avez déjà été sur une base aérienne, vous savez qu’il s’agit en grande partie d’espace vide et qu’atteindre quelque chose d’important exige une grande précision. L’avènement de missiles extrêmement précis avec des ogives pouvant être ciblées indépendamment signifie qu’il pourrait être possible de frapper directement non seulement les pistes, mais surtout la salle des opérations de la station, les ateliers de maintenance, les dépôts de munitions, etc. Si les Russes ne disposent pas actuellement de cette capacité, nous pouvons supposer qu’ils y travaillent. Enfin, l’utilisation de projectiles à énergie cinétique à très haute vitesse pourrait produire un résultat global comparable à l’utilisation d’une arme nucléaire tactique, bien que le type et le schéma des dégâts seraient très différents. Ce point doit être souligné, car on a beaucoup discuté de ce que la puissance explosive de la charge utile de l’Oreshnik équivaut en termes conventionnels et nucléaires. Mais cela n’a pas d’importance, au-delà d’un certain point : ce qui compte, c’est la précision avec laquelle des cibles spécifiques peuvent être détruites. Trente-six projectiles, même avec une puissance relativement faible, pourraient détruire une base aérienne aussi complètement qu’une arme nucléaire de vingt kilotonnes.
Changement de paradigme
La Russie a donc maintenant, ou aura bientôt, la capacité de lancer des attaques dévastatrices et précises contre les infrastructures militaires et civiles occidentales. L’Occident ne sera pas en mesure de se défendre de manière satisfaisante contre plus d’une fraction de ces attaques et il est peu probable qu’il soit en mesure de développer lui-même des armes comparables. Il ne sera pas non plus en mesure de riposter efficacement envers des cibles russes avec tout autre type d’arme conventionnelle. Quelles sont donc les conséquences probables ?
Nous pouvons ici revenir sur quelques exemples historiques. J’ai déjà mentionné la peur du bombardier piloté dans les années 1930. Les classes politiques britanniques et françaises étaient hantées, non seulement par le spectacle d’une attaque aérienne dévastatrice, mais aussi par la peur de la dégradation sociale et de la violence qui s’ensuivrait. Ces craintes ont eu une conséquence politique tangible : la pression pour le désarmement et le désir de résoudre les problèmes de l’Europe par des moyens pacifiques, qui ont caractérisé la politique britannique et française dans les années 1930. Mais une fois que la guerre sembla, sinon certaine, du moins probable, elle provoqua également un réarmement massif. En Grande-Bretagne, qui craignait davantage une attaque aérienne qu’une invasion terrestre, la Royal Air Force fut massivement agrandie, deux cents nouveaux escadrons furent formés et de nombreuses nouvelles bases aériennes furent construites. Le Royal Observer Corps, une organisation civile à temps partiel fondée en réponse aux raids allemands de la Première Guerre mondiale, fut massivement développé et un nouveau service d’alerte contre les raids aériens fut créé.
Dans les années 1970, l’Union soviétique modernisa ses forces nucléaires de portée intermédiaire et commença à déployer en nombre le missile nucléaire mobile RSD-10 (appelé SS-20 en Occident). Sa portée signifiait qu’il pouvait menacer n’importe quelle partie de l’Europe, mais pas les États-Unis. Cela raviva immédiatement les craintes traditionnelles en Europe selon lesquelles, en cas de crise, l’Union soviétique pourrait utiliser sa supériorité militaire pour intimider l’Europe et que les États-Unis abandonneraient leurs alliés européens plutôt que de risquer une guerre apocalyptique. Le chancelier allemand Schmidt fut le premier à exprimer ces craintes en 1977 et, après les réticences initiales des États-Unis, il fut convenu d’envisager de baser des armes américaines comparables en Europe, tout en cherchant simultanément à négocier l’abolition de cette catégorie d’armes. À partir de 1983, des missiles américains furent déployés en Europe, non sans une forte opposition politique, mais, après quelques années de négociations infructueuses et de récriminations mutuelles, le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire fut signé en décembre 1987 et cette catégorie d’armes fut abolie.
Contrairement à ces cas-là, l’Occident est aujourd’hui pratiquement incapable de répondre aux développements des missiles russes, et contrairement à ces cas-là, les classes dirigeantes occidentales ne semblent même pas avoir commencé à comprendre la nature du problème. S’il est vrai que la menace aérienne de l’Allemagne a été exagérée (certains diraient que la menace des missiles de l’Union soviétique l’a été également), les conséquences du déploiement russe de missiles conventionnels à longue portée, extrêmement précis, sont pour l’instant ignorées. Essentiellement, l’esprit stratégique occidental, habitué depuis longtemps à occuper une position dominante et croyant toujours que l’Occident est supérieur en tout, ne peut tout simplement pas comprendre ce qui est susceptible de se produire, et refuse même de le faire. Quelles sont donc ces conséquences ?
Les Russes acquièrent progressivement la capacité de détruire l’appareil gouvernemental, le système de commandement militaire, les infrastructures essentielles de transport et d’énergie, les infrastructures civiles, les principales concentrations de puissance militaire et les quartiers généraux des services de renseignement de n’importe quel pays européen. A Londres, par exemple, deux missiles de type Oreshnik pourraient détruire simultanément le bureau du Premier ministre, le ministère de la Défense, le ministère des Affaires étrangères, le Cabinet Office, le ministère de l’Intérieur et le siège du Service de sécurité et du Service secret. Le fait que certaines parties de ces installations soient souterraines ne constituerait évidemment pas une protection. Des sites extérieurs à Londres, comme le Permanent Joint Headquarters et le GCHQ, pourraient également être visés. Cependant, si les cibles les plus évidentes d’un tel missile seraient en Europe, la Russie fera sûrement tout ce qu’elle peut pour intégrer ce genre d’ogive à l’un de ses systèmes à plus longue portée capable d’infliger le même traitement à Washington.
Scenarios stratégiques
Examinons trois scénarios possibles.
D’abord, nous serions, au moins en théorie, dans le monde des « premières frappes » et des « frappes de décapitation », dont on parlait beaucoup pendant la guerre froide, mais cette fois avec des armes conventionnelles plutôt que nucléaires. Bien que ces scénarios n’aient jamais été vraiment pris au sérieux par les décideurs politiques, il y a eu une discussion théorique, très médiatisée, sur la possibilité que les États-Unis ou l’Union soviétique lancent une frappe nucléaire surprise contre les armes nucléaires de l’autre camp (une frappe de « contre-force » dans le jargon) et détruisent toutes ou au moins la grande majorité d’entre elles, afin de maintenir les représailles dans des limites « acceptables ». Cette idée était souvent combinée avec l’idée de « décapitation », qui signifiait généralement cibler directement les systèmes de prise de décision du pays dans une attaque surprise, peut-être en conjonction avec ses forces nucléaires. Dans la pratique, les préparatifs d’une attaque « surprise » auraient été impossibles à dissimuler, car le gouvernement attaquant aurait dû se mettre lui-même sur le pied de guerre. De même, les États-Unis ou l’Union soviétique auraient eu suffisamment de missiles balistiques lancés par sous-marin pour dévaster leur attaquant, et peu de dirigeants nationaux auraient été assez fous pour risquer leur pays en supposant qu’une frappe de représailles n’arriverait pas, dans la pratique. Mais la question qui se pose évidemment maintenant est de savoir si une attaque surprise conventionnelle de ce type pourrait être lancée et le serait par la Russie. Techniquement, la réponse est probablement oui : pas maintenant, nécessairement, et pas contre les États-Unis dans un avenir proche, mais avec suffisamment de temps, des missiles et des ogives, probablement oui. Sur le plan opérationnel, la réponse est « peut-être ». Il serait peut-être possible de dissimuler les préparatifs d’une attaque limitée aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à la France, en tant que pays dotés d’armes nucléaires, mais même cela serait risqué. Mais deux questions se posent évidemment : est-ce que cela serait utile politiquement et stratégiquement, et est-il nécessaire que l’attaque soit une surprise de toute façon ?
Il est difficile de comprendre l’intérêt d’une telle attaque, ou les avantages qu’elle pourrait apporter, à moins que les Russes ne croient sincèrement qu’ils doivent eux-mêmes se prémunir d’une attaque d’une telle sorte. En l’absence d’une telle crainte, je dirais que la menace d’une telle action est un outil bien plus utile que son utilisation, qui aura certainement des conséquences imprévisibles et probablement dangereuses. Et même si une attaque surprise pourrait être plus efficace, peu d’États occidentaux ont de toute façon des plans pour des mesures de protection en temps de guerre, de sorte qu’ils ne pourraient pas faire grand-chose en pratique pour atténuer le coup, et de toute façon rien d’efficace pour riposter.
Une deuxième possibilité est que les Russes acquièrent cette capacité afin de prendre des nations en otage sur des questions spécifiques. Une application évidente ici est l’insistance russe (comme le reflète leur projet de traité de décembre 2021) pour que les forces stationnées soient retirées des pays de l’OTAN qui ont rejoint l’OTAN en 1997 ou plus tard. Il serait parfaitement possible pour les Russes d’annoncer qu’ils détruiraient tel ou tel aérodrome ou telle ou telle base militaire dans tel pays si cela n’était pas fait, et il serait évidemment impossible de les empêcher de mettre leur menace à exécution. Une seule démonstration suffirait probablement. Cela dit, la politique de cette tactique serait délicate et difficile à expliquer aux alliés de la Russie et au Sud global en général. De toute évidence, une fois que la Russie aura utilisé cette tactique contre un pays, elle pourrait l’utiliser contre n’importe quel pays, ce qui pourrait provoquer quelques irritations à Pékin et à New Delhi. Plus important encore, cela va à l’encontre de la nouvelle vision des relations internationales à laquelle la Russie prétend souscrire, et de la direction qu’elle souhaite clairement voir prendre par les BRICS. Même si cela pourrait être acceptable politiquement un jour, si cela était directement lié à la guerre en Ukraine, il est probable que les Russes préféreront une forme de pression plus subtile.
L’intimidation comme stratégie de co-habitation
Ce qui nous amène à la troisième possibilité, que je considère de loin comme la plus probable : l’intimidation tacite. Certains États européens pourraient décider, après réflexion, que mettre tous leurs œufs dans le panier de l’OTAN n’est pas si sage et qu’il serait raisonnable d’essayer de réparer les relations avec la Russie. Cela ne signifie pas nécessairement qu’ils quitteront l’OTAN ou refuseront de participer à une quelconque initiative militaire européenne, mais qu’ils deviendront progressivement plus conciliants, moins agressifs envers la Russie, moins désireux d’accueillir des armées étrangères sur leur sol. Après tout, que peut leur offrir l’OTAN ? Elle ne peut pas empêcher l’arrivée des missiles et elle ne peut pas riposter de la même manière. Elle ne peut pas attaquer la Russie avec des armes conventionnelles et personne ne croit qu’elle va déclencher une guerre nucléaire. Tout ce que l’adhésion à l’OTAN, les garnisons étrangères et une politique étrangère agressive font, c’est faire du pays une cible plus intéressante. La Russie considère l’OTAN comme une menace depuis longtemps et serait heureuse de la voir affaiblie. Elle ne souhaite pas nécessairement une fin officielle de l’alliance, car cela pourrait produire de l’instabilité à ses frontières, mais une OTAN plus « gentille » plus « douce » et plus respectueuse qui ne soit pas une menace. Il est difficile pour les Américains et les Européens de l’Ouest de comprendre ce que l’on ressent à vivre aux côtés d’un voisin militairement puissant et d’agir avec la discrétion qui en découle, point sur lequel je reviendrai dans un instant. Mais les petits pays d’Europe de l’Est connaissent très bien cette situation et sauront quoi faire.
Il faut toutefois émettre quelques réserves. Tout ceci ne change pas nécessairement tout, du moins pas à court terme. C’est plutôt le signe que les choses évoluent progressivement. Ces capacités n’arrivent pas du jour au lendemain et nous ne connaissons pas encore toute leur ampleur, ni la manière dont les Russes entendent les utiliser. Ne nous emballons donc pas trop, même si je pense que la direction que prennent les choses est claire. En outre, beaucoup dépendra du comportement de l’Occident lui-même.
L’Occident pourrait bien évidemment décider de lancer son propre programme de développement d’armes similaires. Pour les raisons évoquées ci-dessus, l’Occident n’a jamais fait de la technologie des missiles une priorité et il semble probable que les Russes aient en outre fait des progrès dans la technologie des matériaux que l’Occident devrait d’abord rattraper. Même dans ce cas, il y a un certain nombre de problèmes. Le plus évident est qu’un tel projet devrait être financé et géré à l’échelle multinationale. Cela a été un cauchemar dans le passé et il est facile d’imaginer qu’il faudrait passer des années à régler les questions de partage des tâches. Il faudrait probablement des systèmes séparés pour les États-Unis et l’Europe, avec des structures de financement et de gestion différentes. Surtout, il faudrait beaucoup d’années pour élaborer un concept opérationnel et encore plus d’années pour mettre au point de nouvelles structures de forces et une infrastructure de soutien. Il faudrait créer des branches des forces armées ou les agrandir massivement, et créer de nouveaux établissements de formation, en partie pour enseigner à un niveau très avancé. Il faudrait former des scientifiques, des ingénieurs et des instructeurs qui n’existent pas actuellement. Il faudrait créer des capacités qui n’existent pas actuellement dans l’industrie de défense occidentale. Il faudrait une sorte de structure de commandement internationale et un mécanisme de prise de décisions opérationnelles. Et bien plus encore, bien sûr.
L’Occident pourrait également essayer de lancer un programme de défense contre de telles armes. Dans ce domaine, l’OTAN a déjà enregistré un quart de siècle de progrès sporadiques qui ne sont pas de bon augure pour l’avenir. On retrouverait les mêmes problèmes de gestion, techniques et organisationnels, avec en plus un problème d’échelle, puisqu’il faudrait défendre chaque actif de valeur dans 30 pays et relier l’ensemble du système d’alerte et de réaction. Mais ici aussi, il pourrait y avoir un problème fondamental pour le défenseur. Il n’est pas certain que la défense contre des systèmes tels que ceux que déploieront les Russes soit possible, même en principe, compte tenu du temps d’alerte disponible, de la vitesse des missiles et de la difficulté même de la mission. Mais avec l’ajout d’aides à la pénétration, de leurres et de la multiplicité de missiles, la tâche pourrait effectivement s’avérer impossible dans la pratique.
Et enfin, une telle tâche irait à l’encontre de toute la philosophie occidentale de l’acquisition d’armes. On a tendance à considérer que ce sont des entreprises avides qui conçoivent des équipements dans le seul but de faire du profit, mais ce n’est pas tout. Avec un nombre toujours plus restreint de plateformes devant effectuer de plus en plus de tâches différentes, sans cesse renouvelées et devant rester en service pendant des générations, la tendance à la « sur-technologie» est irrésistible, et les armes sont de plus en plus complexes et ambitieuses, et souvent ne fonctionnent pas très bien dans la pratique. L’Occident est structurellement incapable de fabriquer le grand nombre de systèmes « suffisamment bons » qu’un projet comme celui-ci nécessiterait.
Le réalisme comme seule option
Quel est donc notre sort, au bout du compte ? Avec une vulnérabilité qui ne peut être réparée face à une capacité que l’Occident ne peut pas copier. Alors, quel sera le politicien courageux qui dira à son Parlement que « les missiles passeront toujours » ? Je ne m’attends pas à une grande précipitation. Au contraire, il y aura des projets élaborés et coûteux qui promettent beaucoup et ne mènent à rien, des affirmations selon lesquelles l’Occident « ne se laissera pas intimider » et surtout déconnexion complète de la réalité. Le problème avec le processus d’intimidation est que la victime doit en admettre la réalité, et la plus grande difficulté de toutes, je le crains, est peut-être que les dirigeants occidentaux sont incapables de comprendre quand ils sont gravement désavantagés, et d’agir de manière sensée.
Bonsoir
Papier absolument remarquable. Démonstration simple et imparable.
Néanmoins pour bien les connaître je doute que nos élites militaires et politiques puissent en admettre les conclusions.
Quand je vois la morgue et le mensonge dans la bouche de tous ces généraux (2e section) et amiraux (idem) qui sévissent sur les plateaux TV il est évident que nous continuerons dans nos certitudes actuelles.
"L’intimidation comme stratégie de co-habitation
Ce qui nous amène à la troisième possibilité, que je considère de loin comme la plus probable : l’intimidation tacite. Certains États européens pourraient décider, après réflexion, que mettre tous leurs œufs dans le panier de l’OTAN n’est pas si sage et qu’il serait raisonnable d’essayer de réparer les relations avec la Russie..."
As mentioned now almost fifteen years ago: la guerre en termes conventionelles, inclus le nucleaire, l'"attrition", et les avantages momentanes dont disposes les Russes.