Please join with me in thanking Philippe Lerch, who has taken the trouble to translate another of my essays. This is his translation of A Clash of Symbols, originally published on 23 August. Please pass it on to any francophone contacts you think might be interested in the subject. My renewed thanks to Philip and also to the other translators into different languages.
Durant la période de la guerre froide, les sentiments d'anxiété et même de peur étaient courants: à certaines occasions, on allait se coucher avec la crainte de se retrouver atomisé le lendemain. Malgré l'angoisse et les crises à répétition, il y avait quelque chose de réconfortant durant cette période, adossée à la conviction que l'Occident offrait un système plus favorable aux citoyens. Après tout, le niveau de vie à l'Ouest était généralement plus élevé (qu'à l’Est), il y avait certaines libertés politiques et les citoyens ne se sentaient pas enfermés. (De toutes les voix critiquant férocement la politique de l'Ouest, rares sont celles qui envisagèrent ne serait-ce qu’un instant d'aller vivre en Union Soviétique).
Au niveau stratégique également, une certaine confiance était de mise. Les forces de l'OTAN étaient équipées, instruites et s'entrainaient à mener une bataille, à caractère défensif, sur sol Allemand. Par contre, l'OTAN n'était pas en mesure de lancer une opération offensive par manque de moyens. D'autre part, l'Armée Rouge, fidèle à sa doctrine d'attaque préventive, équipait, instruisait et entrainait ses troupes à lancer des opérations offensives.
Cette situation fut de nature à décourager l'analyse approfondie. D'une part, on croyait que l'Union Soviétique (URSS) appréhendait l'OTAN comme étant une alliance à caractère principalement défensif et d'autre part, il était également admit que l'URSS pensait que l'OTAN interprétait correctement la politique Soviétique, et agissait en conséquence. Je ne compte pas les occasions auxquelles j'ai entendu, ou lu des comptes-rendus d’entretiens tenus entre représentants de nations membres de l'OTAN affirmer que "les Russes savent que nous ne représentons pas une menace". Certains parmi nous, assis sur les strapontins, se posaient la question de savoir si tout était aussi simple que cela. Cette position critique fit que peu d'entre nous obtinrent de l'avancement. Nous étions convaincus qu'il était nécessaire de tenir compte des effets post-traumatiques liés à la seconde guerre mondiale. Au-delà des souffrances réelles, il y avait ce rappel, douloureux, que l'Armée Rouge était mal préparée en 1941, une position difficile à défendre à l'époque.
Suite à la fin abrupte de la Guerre Froide, des militaires ainsi que des membres des services de renseignement des deux camps se rendirent des visites réciproques. Au retour de ces séjours dans des pays membres du Pacte de Varsovie, les fonctionnaires rapportèrent des histoires invraisemblables. Oui, ils pensaient que nous représentions une menace et étaient convaincus qu'une offensive de l'OTAN pouvait être déclenchée dans les deux heures, raison pour laquelle les officiers stationnés en Allemagne ne pouvaient jamais, même en congé, se trouver à plus de deux heures de leur unité. Il y avait aussi des hangars chauffés, abritant des chars d'assault complètement opérationnels et prêt à intervenir alors que les équipages dormaient dans des baraques non chauffées situées à proximité.
La dissolution du Pacte de Varsovie et la fin de l'URSS rendit accessible des documents qui confirment que ces attitudes allaient jusqu'au sommet de la hiérarchie Soviétique. Avec la Réunification de l'Allemagne, les archives officielles de l’ex-RDA indiquent également que le discours public, qui consistait à prétendre que le régime Ouest Allemand de la RFA était composé de néo-nazis, n'était pas seulement une insulte politique mais une conviction sur laquelle était adossée la défense et la politique extérieure. ( Il semble raisonnable de spéculer sur le fait que les dirigeants concernés tentaient de compenser leur inaction durant la Seconde Guerre Mondiale: ils étaient cachés à Moscou.)
Ceci en dépit du fait que l'URSS disposait d'un service de renseignement militaire compétent et la Stasi Est-Allemande avait consciencieusement infiltré le gouvernement de Bonn et ainsi obtenu de nombreux accès à la politique de l'OTAN ainsi qu'aux instances de décisions. Avec toutes ces informations, il est vraiment improbable qu'un analyste sérieux à Moscou parvienne à la conclusion que l'OTAN planifiait une offensive. Par conséquent, puisque l'OTAN ne planifiait pas d'offensive, il était impensable que l'Alliance s'imagine que quiconque puisse imaginer le contraire. De cette manière, la Guerre Froide fut une période particulièrement dangereuse, non pas en raison de titres médiatiques du genre " un conflit nucléaire est imminent" - les procédures permettant de lancer une opération de cette envergure ne fonctionnent pas ainsi - mais bien en raison de l'incapacité des deux camps à comprendre les motivations et les objectifs respectifs. A l'époque je me disais, et je le pense toujours, que les deux camps connaissaient tout l'un de l'autre sauf ce qui était véritablement crucial. Il est regrettable que cette profonde incompréhension mutuelle ne fut jamais thématisée sérieusement en Occident, occultée qu'elle fut par les célébrations victorieuses et le chaos qui suivit la fin de la Guerre Froide. Pour des raisons similaires, la question ne reçu que peu d'attention en Russie.
Bien que la Guerre Froide fut particulière à ce titre, ce n'était pas véritablement une exception. Il s'agit plutôt d'un exemple flagrant d'un phénomène observable à tous les échelons, de la relation personnelle à la politique internationale: l'incapacité à accepter le fait qu'une personne, une instance ou un pays agit pour des raisons qui leur semblent valables et qu'en général on obtienne une explication cohérente lorsqu'on pose la question de savoir ce qui motive tel ou tel choix. En ce qui concerne les systèmes politiques, cette incapacité à appréhender une situation augmente avec la taille et la puissance du système, ce qui la rend potentiellement dangereuse. Ce phénomène s'observe de nos jours en Ukraine, j'y reviendrai, mais restons un instant sur celui de la guerre froide, car l'exemple est instructif à plus d'un titre.
Quelles sont les raisons qui poussèrent l'Union Soviétique à présumer de la possibilité d'une attaque de l' OTAN, puisque l'analyse technique avait révélé que les capacités requises pour un tel projet faisaient défaut ? Une première raison est d'ordre idéologique: la doctrine Marxiste-Léniniste postulait qu'à l'approche du triomphe mondial du système Communiste, les forces impérialistes lanceraient un baroud d’honneur afin de frustrer le vainqueur d’une partie de la satisfaction du triomphe imminent. Avec de telles doctrines, il est difficile de savoir à quel point tout ceci était pris au sérieux. Par contre, dès qu'on adhère à une telle doctrine, la manière d'appréhender le monde s'en trouve troublée. La seconde raison: en 1941 l'Union Soviétique était particulièrement mal préparée à la guerre. Les historiens se querellent encore au sujet des évènements survenus entre 1936-41, en particulier sur la question de savoir si les purges de Staline ainsi que sa politique générale avaient été de nature à empêcher la préparation militaire. Toutes les personnes en âge d'avoir traversé la guerre ont retiré cette unique leçon: "plus jamais ça". Par conséquent, au lieu d'attendre, ils frapperaient les premiers, au lieu de tenter de retarder l'inévitable ils le déclencherait. Ceci explique le choix des Soviétiques à se doter d'une armée nombreuse et puissante avec un degrés de préparation capable de décourager toute attaque à la légère de la part d'un agresseur. Le fait que cette puissance militaire ait pu être considérée comme une menace par d'autres ne semble pas avoir fait partie de la réflexion politique.
Dans les faits, l'Armée Rouge de 1989 a été ce que l'Armée Rouge de 1941 aurait dû être. Cette situation devait, symboliquement, effacer le désastre de 1941 comme si il n'avait pas eu lieu. Le fait que les circonstances objectives furent très différentes n'influença pas la réflexion. Les traces de ce traumatisme sont audibles dans certains discours de Putin, en particulier lorsqu'il évoque le fait que peut-être, il aurait dû agir plus rapidement en Ukraine et ne pas faire comme Staline, tenter l'approche diplomatique. Certes, nous ne sommes ni en 1941, ni au beau milieu de la Guerre Froide. Par contre, la symbolique en politique possède sa propre dynamique, indépendante du temps et des circonstances précises.
Il est ironique de constater que les décideurs à l'Ouest empruntèrent un cheminement parallèle. Non seulement ils étaient hantés par la destruction survenue en Europe entre 1940 et 1945, mais également par le sentiment, obsessionnel, que si ils avaient agit intelligemment et empoigné la menace hitlérienne suffisamment tôt, le désastre aurait pu être évité. En réalité, les dirigeants des années 30 avaient un problème insoluble et bien plus délicat que celui qu'affrontait l'Union Soviétique. L'Allemagne avait été vaincue en 1918, par contre son appareil industriel était resté intact, la taille de sa population dépassait celle de la France, et il n'y avait aucune mesure capable d'empêcher l'Allemagne de réarmer et chercher la revanche après l'humiliation du traité de Versailles. L'économie allemande n'était pas, au contraire de celles de la France ou de l'Angleterre, sous le joug de la dette puisque l'effort de guerre avait été financé par des prêts domestiques que l'inflation avait massivement dévalués. Ce n'était qu'une question de temps pour qu'un gouvernement se mette en place et cherche à inverser les limitations imposées par les accords de Versailles, et reconstitue l'appareil militaire. Dès lors, le commentaire attribué au Maréchal Foch qui aurait dit en 1919 " ce n'est pas la paix que nous signons, c'est un armistice de 20 ans" était à la fois approprié et tombait sous le sens. A l'instar des Soviétiques, l'Ouest tenta de retarder l'inévitable. La plupart des responsables nationaux des années 30 avaient traversé la Grande Guerre, ils leur semblaient donc que presque tout était préférable à une nouvelle tragédie et son lot de cadavres. Au final, la Seconde Guerre Mondiale fut difficilement évitable, bien qu'il eut été possible d'élaborer des scénarios complexes à même d'en retarder son déclenchement. La guerre avec un autre régime en Allemagne se serait déclenchée plus tard, ou aurait provoqué moins de destructions, mais une fois le régime National Socialiste au pouvoir, la guerre devenait inévitable et totale.
Lors de la réunion de Munich en 1938, Britanniques et Français, forts de leur supériorité militaire, menacèrent l'Allemagne de déclarer la guerre si elle lançait l'invasion de la Tchécoslovaquie. (Hitler retourna à Berlin dans une colère noire). Rien ne pouvait empêcher l'annexion des Sudètes (Sudetenland) qui avaient été rattachés à la Tchécoslovaquie en 1919 sans être consultés, comme on rapporte simplement une pièce à un ouvrage. L'argument invoqué pour ce choix, ironie du sort, était d'obtenir une frontière plus aisée à défendre. Même parmi les critiques - de l'époque et contemporains - les plus féroces des accords de Munich, il se trouva peu de voix pour soutenir une nouvelle guerre dévastatrice en Europe et causant des millions de morts, afin d'empêcher un groupe d'Allemands de rejoindre d'autres Allemands.
Dès son déclenchement, l'horreur et la dévastation due au conflit furent tels que s’ensuivirent des compulsions à caractère névrotiques, destinées à trouver une alternative, n'importe laquelle, aux politiques suivies jusqu'alors depuis les années 30. Des fantasmes de guerre préventive (esquissés simplement en consultant une carte d'état-major) ou une alliance Occident - Russie (à condition que les Polonais acceptent l'occupation par l'Armée Rouge) furent évoqués immédiatement. Si seulement on avait pu…
Certes, on ne change pas le passé, par contre il est possible de tenter d'éviter les répétitions. En ce qui concerne l'Union Soviétique, l'Occident tenta après 1945 de gommer, avec diverses gesticulations, les erreurs du passé en faisant les choses différemment. Alors que les Soviétiques craignaient une nouvelle guerre fomentée par l'Occident, l'Ouest se méfiait que l'Union Soviétique abuse de la faiblesse européenne afin d'étendre son influence territoriale, à l'instar de ce que fit l'Allemagne dans les années 30. (Il va sans dire que la réalité de chacune de ces craintes est sans commune mesure lorsque on considère la situation sous l'angle symbolique). Il est frappant de lire les mémoires et documents d'époques qui révèlent le degré de crainte de la classe dirigeante européenne au sujet d'une possible crise sécuritaire avec les Soviétiques, en particuliers après la consolidation du bloc incluant les pays de l'Est.
Il apparaît dès lors que le Traité de Washington de 1949 représente, symboliquement, l’engagement donné par les États-Unis de pourvoir à la sécurité européenne. Cet engagement, qui a manqué dans les années 30, aurait pu, disent certains, réfréner les ardeurs de Hitler. Dans la même veine, la création peu après 1950 d’une alliance militaire Nord Atlantique, l’OTAN, représente symboliquement un front armé et uni contre Hitler, qui aurait permit d’éviter la défaite de 1940. A l’instar des motivations des Soviétiques après 1945, la motivation pour créer l’OTAN était : plus jamais cela.
L’application de la politique des symboles au monde réel conduit inévitablement à des résultats erronés et dangereux. Lorsque deux groupes différents réagissent à la même erreur historique avec des perceptions opposées, tout en utilisant leurs relations afin de ré-écrire le passé, nous pouvons nous estimer heureux de ne pas avoir été transformé en cendres radio-actives. La situation s'avéra compliquée par le fait que personne, dans les deux camps, ne s'attacha à défendre la politique des années 30 ; tout le monde chercha à se distancer des positions des responsables politiques de cette époque. Après le décès de Staline en 1953, Khrouchtchev qui était un proche du dictateur, manoeuvra afin de suivre la bonne règle de politique qui consiste à blâmer les défunts puisqu'ils ne sont plus en mesure de rétorquer. La leçon était simple : plus d'armement, une meilleure préparation, et plus de défiance envers l'Occident. A l'Ouest, la situation était plus complexe. Rapidement, Churchill et De Gaulle, qui avaient chacun leurs propres motivations à se présenter comme des voix ayant prêché dans le désert, parvinrent à dominer le narratif. Churchill influença de manière décisive l'histoire. Il est l’auteur d’une partie du premier récit intégral de la Seconde Guerre Mondiale, paru en 1950, et parvint ainsi à imposer la version officielle qui postule que ce fut la passivité et la faiblesse qui permirent "au méchant" de ré-armer. Churchill savait qu'il n'en était rien, puisque le ré-armement britannique avait reprit en 1936 déjà et que les Spitfires et Hurricanes de 1940 étaient en développement depuis des années. Cette posture servit à forger son image de sauveur de la Nation. De son côté, De Gaulle propagea l'image fallacieuse d'une armée française mal équipée et en sous effectif, dominée par la Wehrmacht, qui aurait pu empêcher la défaite, si ses propositions d'armée mécanisée avaient été acceptées.
Le succès de ces discours contribua à forger l'idée que les années 30 représentent un réservoir inépuisable d'enseignements utiles pour l'avenir et d'erreurs à ne pas répéter. Il s'ensuivit une quête frénétique destinée à identifier des évènements et des personnalités pouvant être amenés à substituer le 3er Reich et la personnalité de Hitler, indépendamment de leurs différences. Dans l'Europe épuisée de la fin des années 40, il fut facile de considérer Staline comme "un nouveau Hitler" et d'agir en conséquence. En appliquant une logique similaire : la guerre d' Algérie par exemple, fut interprétée comme une tentative de Staline destinée à démanteler la France à l'instar de ce qu'avait fait Hitler en 1940. Un Corps Expéditionnaire fut envoyé à Suez afin de stopper Nasser (le nouveau Hitler des années 50) au motif (prétendu) qu’il propageait guerre et destruction en Afrique du Nord. Partout, on identifia des nouveaux Hitler, jusqu'à considérer le politicien congolais Patrice Lumumba et même Nelson Mandela comme des personnalités comparables à Conrad Heinlein, le leader Nazi du pays des Sudètes, préparant le chemin de la conquête de l'Afrique par les Soviétiques. La justification de la guerre du Vietnam fut adossée à la même logique et quinze ans plus tard les mêmes arguments furent à nouveau invoqués lors de la première guerre du Golfe : le président Bush père lisait à l'époque des ouvrages relatant la Seconde Guerre Mondiale. Lorsque son fils devint le locataire de la Maison Blanche et que la seconde guerre du Golfe faisait rage, il devint possible de présenter l'invasion de l'Irak comme la guerre de prévention envisagée depuis 1938.
Ce qui nous occupe ici c'est l'expiation symbolique du passé qui ne présente aucune fin bien précise. Le passé reste le passé, on ne peut jamais dire que c'est terminé, a l'instar du propos de William Faulkner "le passé n'est pas mort, ce n'est même pas du passé". Vue au travers de ce prisme, l'expiation symbolique du passé diffère de la réconciliation historique ou de la simple demande de restitution. Le Traité de l'Elysée de 1962 ainsi que la visite à Verdun de Kohl et son homologue Mitterand en 1984 représentèrent des actes symboliques destinés à "dissiper" plusieurs siècles d'animosité et de compétition. Rien d'absolu puisque c'est impossible. Malgré tout, ces deux évènements témoignent de la reconnaissance, par l'élite au pouvoir, qu'il était vain de continuer à se considérer ennemis et qu'une forme de coopération était devenue indispensable. L'expiation symbolique par contre, puisque découplée des contraintes de temps et de lieu, n'est jamais achevée.
En Russie ainsi qu'en Occident, de nombreuses générations vivent à présent découplées des évènements de la Seconde Guerre Mondiale ainsi que de ses origines. La première génération, qui vécu ce conflit, a réagit selon son propre vécu. La seconde génération réagit à ce qu'il lui avait été dit, au contenu des livres d'histoire ainsi qu'à la présentation et à la compréhension des évènements de ces années. De nombreux concepts se sont infiltrés dans l'inconscient des dirigeants de la troisième génération et ces derniers leur apparaissent comme des principes généraux, si ce n'est du "bon sens". En Occident, la discussion relative à "réagir à une agression" par exemple, est entièrement découplée du contexte historique sous-jacent. La formule, bien que creuse, façonne la pensée de personnes en situation de responsabilité ainsi que leur vision du monde. Ces idées devinrent des signes, au sens de Saussure, lequel différencie un signifiant à un signifié.
L'origine de l'incompréhension mutuelle relative à la situation en Ukraine, ainsi que sa dangerosité, devrait à mon avis, apparaître comme limpide. Il semble improbable que Moscou pense réellement faire face à un Quatrième Reich de même qu'il est déraisonnable de penser que l'Occident s'imagine être en face d'une tentative de conquête de son territoire. Cette difficulté découle des limites de notre connaissance et l’inexpérience d'avec les modèles conceptuels à notre disposition. Par conséquent, on s'accommode de modèles dont nous pensons comprendre l'essence, malgré le fait que ces derniers ne reflètent pas fidèlement la réalité historique, ni celle relative aux évènements récents. Formulé autrement, la question face à une crise n'est pas "mais que se passe t'il ?" mais plutôt "quel est l'évènement historique dont je me souviens qui ressemble le plus à la situation présente". Lorsque l'exemple historique invoqué est éloigné dans le temps, les connaissances à disposition sont superficielles; sa pertinence s'en trouve réduite. Ce fait ne nous empêche pas de nous y accrocher puisqu'il nous permet d'appréhender une situation, précisément lorsque le temps manque pour décider.
Si il est évident que l'histoire ne se répète pas, il est tout aussi clair qu'un évènement isolé est perçu différemment par les acteurs concernés. J'ai avancé que l'Union Soviétique et l'Occident tirèrent des leçons à partir d'une même série d'évènements historiques tout en appliquant des conclusions différentes. De mon point de vue, le ressenti Russe à l'égard de la politique occidentale en Ukraine se situe en accord avec le courant de pensée de la Guerre Froide. Au vu de l'importance de l'expérience de 1941-45 sur l'histoire de la Russie contemporaine, ceci n'est pas une surprise. L’Occident, pour sa part, a une vision bien plus confuse et fragmentée de la même période, durant laquelle différentes Nations étaient en guerre, certaines confrontées à des divisions internes, et d'autres neutres. Le narratif de cette période est largement dominé par les points de vues anglo-saxon et français, qui ne se laissent pas évoquer dans le détail sans provoquer l’opprobre ou déclencher une polémique. Par conséquent, ce narratif est un ensemble de formules creuses (par ex. résister à une agression etc ) qui en dépit de leur vacuité ont été suffisamment efficaces pour déclencher des conflits et tuer des gens.
La probabilité que l' Occident et la Russie parviennent un jour à partager une vision commune, ou au minimum parvenir à une reconnaissance mutuelle de la validité de chacune des positions originales est faible. Chaque camp est incapable d'accepter le fait que l'autre partie pense réellement ce que traduisent les discours. Je décris ceci comme étant l'effet McEnroe ("vous rigolez ou quoi ?“). Cet effet représente probablement l'obstacle principal à l'établissement d'une relation intelligente et productive entre états. (Ce phénomène concerne également les individus et groupes, mais il s'agit d'une autre question.) Ce qui est irritant, c'est que ce mécanisme nous amène à rejeter les explications complexes au profit de concepts éculés et réducteurs, au motif que dans le fond "Ils ne Pensent Pas Vraiment ce Qu'ils Prétendent". La situation s'aggrave du fait que l'essentiel de ce que nous pensons au sujet de l'Autre est du domaine de l'inconscient donc partiellement formulé. Les motifs qui guident les actions des gouvernements Occidentaux envers l'Ukraine sont complexes, profondément enracinés, et certains sont de natures quasi-religieuse. De manière générale, les représentants de ces gouvernements ne disposent pas du minimum culturel requis nécessaire à avancer une explication de ces motivations, ni même de comprendre les raisons qui les poussent aux agissements qui sont les leurs. Par conséquent, au vu de l'inaptitude des dirigeants Européens à s'exprimer clairement lorsqu'il s'agit de motiver leurs décisions, il n'est pas surprenant que les critiques de la politique occidentale, qu'elle soit d'origine endogène ou exogène, invoquent souvent des phantasmes décrivant tel ou tel dirigeant comme étant téléguidé par les méthodes de contrôle cérébral utilisé par la CIA. C'est ma foi une explication parmi d'autres.
L' Occident n'est pas isolé face à ces problèmes - j'ai déjà évoqué l'exemple Union Soviétique / Russie - mais force est de constater que la doctrine libérale de l'Occident contribue à sa vulnérabilité. Le Libéralisme réfute l'importance de l'histoire, de la culture et des traditions et considère la prise de décisions ( y compris, de manière implicite, les décisions politiques) comme étant le résultat d'un processus rationnel destiné à optimiser un futur bénéfice tout en supposant un degré d'information idéal. Vue à travers ce prisme, l'invasion de l'Ukraine par la Russie résulte d'une décision rationnelle destinée à générer de futur bénéfices, et la réponse occidentale est une tentative de contrer cet effort, tout en optimisant ses propres bénéfices, en particulier économiques. Même si cette idée et ses variantes sont répandues, elle s'avèrent particulièrement inadéquates à expliquer la situation. Cependant, elles présentent l'avantage d'être aisées à comprendre et à appliquer. L'ignorance est suffisante: il suffit de considérer qu'un certain nombre de choses sont vraies, puisqu'elle le sont universellement.
Cette situation n'est pas nouvelle et les occurrences passées n'ont pas fortement impacté l' Occident, du moins pas la vie de ses élites. Prenons l'exemple du fondamentalisme islamique. Les élites occidentales considèrent que la religion est uniquement une construction sociale et par conséquent personne "ne croit" vraiment en sa religion. Par contre, il s'agit de respecter les croyances religieuses de personnes non-européennes comme des signifiants culturels émanant de groupes exploités et marginalisés ou autre en dépit du fait qu'ils violent des lois ou les standards des droits de l'Homme. Cet argument est parfois recevable, par exemple dans les Balkans où les distinctions "religieuses" sont en fait de nature sociale et politique: les musulmans formaient par le passé la classe dominante. L'argument n'est pas recevable dans toutes les situations. Il est en particulier caduque lorsque appliqué à des individus dont la vision du monde est adossée à la religion et qui agissent comme si cette dernière était vraie. La tradition oecuménique occidentale issue des années 60 considère l'hypothèse opposée : les religions ne sont pas vraies : il s'agit de systèmes éthiques auxquels s'ajoutent un cérémonial.
Cette vision n'est pas partagée par l'humanité entière, pas plus qu'elle ne l'était en occident il y un siècle. Les historiens peinent à expliquer le fait que, durant l'essentiel du passé occidental, les individus pensaient que la religion était littéralement vraie et agissaient en conséquence. L' Empire Romain persécuta sporadiquement les Chrétiens au motif qu'ils refusaient d'adorer les dieux Romains et pouvaient ainsi provoquer la disgrâce et menacer la sécurité de l'Etat. L'observance des préceptes religieux était une question de sécurité nationale. Les guerres de religions, ainsi que les persécutions qui s'ensuivirent furent le fait de divergences relatives à la doctrine chrétienne entre acteurs concernés. Ainsi, propager la mauvaise doctrine pouvait se solder par l’envoi en enfer d'où l'Inquisition, par exemple, ainsi que la prévention de la propagation d'une doctrine hérétique capable de mettre en danger des millions d'âmes. Notre société contemporaine peine à comprendre ce type de croyance et postule leur invalidité et que la majorité des individus vécurent dans le mensonge durant des milliers d'années. Par conséquent, ce sont des facteurs non-religieux (présents en nombre, évidemment) qui sont invoqués pour expliquer ce genre d'évènements historiques.
Dès lors, dans notre époque sécularisée, il est extrêmement difficile d'accepter le fait qu'il se trouve des individus fermement convaincus de la véracité de leur religion et qui pensent que ceux qui ne partagent par leur point de vue doivent être éliminés. Ces idées radicales sont tellement étrangères à la pensée libérale occidentale que seuls les terribles évènements de 2015-16 déclenchèrent une prise de conscience publique, tout en laissant l'élite incapable de faire face. Nos sociétés sont-elles trop intolérantes ? Faut-il incriminer le colonialisme occidental ? (autant que je me souvienne, l'Autriche (qui essuya un attentat en 2020, note du traducteur) n’avait que quelques colonies dans les pays musulmans.) Depuis quelques années l'opinion de l'élite occidentale s'empare de la question nerveusement tout en espérant que la question disparaisse alors que le nombre d'adhérents à l'Islam Politique (qui postule qu'un état devrait être dirigé selon les préceptes du dogme islamique; le Coran est aussi un code civil, note du traducteur) ne cesse de croitre. (Récemment, je suis tombé sur une estimation qui prétend qu'il y aurait 50'000 adhérents à ce concept en France uniquement.) Puisque cette manière de penser nous échappe nous esquivons l'effort nécessaire au décodage et postulons que ce qui semble arriver n'est qu'une illusion particulière. Toute autre approche réclame une modification de nos positions relatives à ce que d'autres pensent et sont capables. De manière générale nous ne sommes pas disposé à faire cet effort. Je me souviens avoir lu, il y a 20 ans, une traduction d'un manuel de Al Qaida qui décrivait la construction d'une arme simple mais efficace, destinée à injecter un gaz toxique sur des grandes surfaces afin de causer un maximum de victimes dans des espaces clos. Cette arme était particulièrement recommandée pour tuer des gens présents dans des lieux de perdition, où se rencontrent des hommes et des femmes célibataires : les discothèques, par exemple. Afin de comprendre ce type de mentalité il est nécessaire d'accepter des modifications radicales de nos conceptions. Peu d’entre nous en sont capables.
Cependant, les modifications radicales peuvent présenter des risques. En dépit des dangers, l'Islam Politique est un système de pensée cohérent proposé il y a un siècle par les Frères Musulmans d'Egypte, et dont les préceptes ont séduit de nombreux électeurs dans tous les pays arabes. Des dizaines de milliers d'individus - pas nécessairement issus d'un pays musulman - ont fait allégeance et sont prêt à mourir pour cette cause. Il y a cette terrifiante possibilité, peu importe la probabilité exacte, que si nous acceptons le fait "Qu'ils pensent vraiment ce qu'ils disent" et examinons en détail leurs convictions, nous soyons contraint à questionner nos propres certitudes. Il semblerait que c'est précisément la conclusion obtenue par un nombre impressionnant de jeunes européens, élevés dans des sociétés sécularisées libérales adossées aux à priori typiques de cette doctrine, le tout sans fondation pour maintenir l'édifice.
Dans les sociétés occidentales, la vision du monde est déterminée par l'égo. Si quelque chose n'est pas compréhensible, cela doit être faux. Lorsque des évènements contredisent cette vision, ils ne sont pas possibles. Lorsqu'une théorie ou un précepte me trouble cela ne peut être vrai. Je prétends que notre société contemporaine fonctionne selon le principe de Sherlock Holmes Inverse : après élimination de tout ce qui est idéologiquement inacceptable, il reste, indépendamment de sa pertinence, la vérité.
Cette manière de penser est plutôt récente et diffère de manière ironique des pratiques des époques que nous qualifions avec légèreté comme étant moins "tolérantes" que la nôtre. A partir de l'Eglise primitive, par exemple, les auteurs orthodoxes s'attaquaient à des écoles de pensée moins strictes en présentant leurs écrits tout en démontant leur argumentation. (L'essentiel de nos connaissances relatives au gnosticisme nous est parvenu grâce aux citations d'auteurs gnostiques trouvées dans un ouvrage hostile rédigé au deuxième siècle par le Cardinal Irenaeus.) A l'inverse, vous trouverez aujourd'hui dans le Grauniad (nom ironique donné au Guardian, note du traducteur) un violent réquisitoire contre le travail d'un penseur moderne sans être plus avancé après sa lecture, sur ce que l'auteur critiqué voulait dire. Cela se comprend aisément : notre Ego pourrait prendre ombrage à être confronté à des doctrines inconfortables.
Au delà de la faible capacité de compréhension - ceci a toujours été une difficulté - nous avons perdu la volonté de comprendre. La joute oratoire n'est plus utilisée pour confronter les idées : la joute répand du fiel, condamne avec virulence et fustige ceux qui ne condamnent pas avec la même véhémence. J'ai depuis longtemps renoncé à lire les arguments entre partisans et opposants à la guerre en Ukraine. Aucun des camps n'est disposé à accepter que l'opposant est sérieux et le débat dégénère rapidement en insultes mutuelles et en répétitions des positions tranchées de chaque camps.
Toutefois, les vrais problèmes se situent à un niveau supérieur. Nous renonçons, dans notre culture et notre quotidien, à tenter de comprendre les raisons qui poussent des individus à penser et agir autrement que nous même. Cette attitude affaibli autant notre culture et notre société que tout un chacun. La situation s’aggrave lorsque les personnes censées guider les destinées d'une société y renoncent également. Il y a une trentaine d'années, le Premier Ministre britannique John Major essuya une critique justifiée après avoir prétendu qu'en ce qui concerne la criminalité nous ferions mieux de "punir plus sévèrement au lieu de chercher à comprendre les délinquants". De nos jours, l'essentiel de la politique opère de cette manière.
La compréhension sérieuse représente une menace pour notre égo. Le fait d'admettre que d'autres individus défendent, sincèrement, des opinions opposées aux nôtres, voire triviales ou dégoûtantes, dépasse les capacités d’entendement de la plupart d'entre nous. Franchir ce pas revient à accepter le caractère bancal et fragile des hypothèses qui sous-tendent notre compréhension du monde. Admettre de plus que certains individus agissent pour des raisons qui leur apparaissent comme partiellement obscures ou difficiles à expliquer, requiert un effort intellectuel particulièrement difficile qui s'avère aujourd'hui impossible. La croyance qu’un acteur politique se comporte toujours rationnellement est erronée. Un peu à l’image de la théorie économique qui postule que seul l’acteur rationnel parvient à optimiser les profits, ce que la réalité ne confirme pas.
Je souhaite souligner l'importance prise en politique par des paradigmes d'interprétation établis depuis longtemps et partiellement oubliés. Les évènements en Afrique, par exemple, sont interprétés depuis 150 ans au travers du prisme de la compétition entre Grandes Puissances et les commentateurs peinent à y voir autre chose, à l'instar de ce qui se passe au Niger. De manière similaire, le modèle qui vient à l'esprit de tout un chacun pour décrire une puissance projetée à l'échelle mondiale est l'Empire. En dépit de sa faible utilité, ce modèle est invoqué pour expliquer la situation actuelle des Etats-Unis.
Force est de reconnaître qu'on observe des habitudes intellectuelles similaires ailleurs qu'en Occident, en particulier dans des régions du monde qui ont toujours été colonisées et où le narratif historique fut imposé de l'extérieur. Au sud et à l'est de la Méditerranée par exemple, voire un peu plus au sud en Afrique, se trouvent des régions colonisées d'une manière ou d'une autre depuis le temps des Romains. Dans ces territoires, au cours l'histoire, tout fut organisé par d'autres. Même si il n'y a pas de logique à l'idée, on est amené à croire que c'est identique pour le présent. Je me souviens avoir été coincé dans un ascenseur plutôt lent en présence d'un académicien arabe cherchant à tout prix à me convaincre que l' Etat Islamique (alors présent dans tous les journaux) était une création de la CIA. Pour preuve, il avança que les combattants utilisaient des véhicules du type Toyota Land Cruiser fabriqués aux Etats-Unis. J'ai alors expliqué que ces véhicules, ainsi que l'essentiel des équipements provenaient des pillages des stocks de l'armée Irakienne. Il fut abasourdi: il n'y avait jamais pensé auparavant. Lorsque la porte de l'ascenseur s'ouvrit, il n'avait pas encore reprit sont souffle.
Parfois, lorsque des occidentaux rentrent au bercail, ils rédigent des conversations de ce genre pour leurs collègues. Rapidement, si vous fréquentez une partie du monde dans laquelle la manière de penser dominante présente un penchant pour les théories du complot, vous y renoncez, car personne ne va vous croire. Il est particulièrement difficile d'accepter le fait que les même angoisses historiques et les mêmes « leçons du passé », les mêmes modes de pensée bien ancrés et partiellement conscients auxquels nous faisons appel, sont ressentis par d'autres individus à leur propre manière. Nous sommes convaincus qu'ils ne sont pas sérieux, et, ils pensent la même chose de nous.
Il y a un coté où on a l'impression que vous présentez l'argument que nous devrions prendre l'autre au sérieux quand il nous parle de son point de vue et un coté où on a l'impression que l'argument c'est plutôt que vous nous dites qu'il faut prendre la connerie de l'autre à la lettre. Ce n'est pas vraiment la même chose...
Pour reprendre votre example de l'ascenseur, on doit croire que l'autre est sérieux qd il nous raconte des conneries qui s'écroulent directement sous notre propre capacité critique dont l'autre semble manqué cruellement. La conclusion est nécessairement que l'autre est bête ou immoral si l'on doit cesser de penser qu'il est menteur (par ailleurs, les deux ne sont pas nécessairement mutuellement exclusifs...).
On ne comprend pas bien ce qu'on à gagné en capacité d'analyse. Une explication par la bêtise de l'autre n'en est pas une: comme vous l'argumentez très bien plus haut, l'autre a souvent de bonnes raisons d'adopter la grille de lecture qu'il adopte même si cette grille de lecture est en effet 'enjolivée' de complots, de souvenirs collectifs, de narratifs nationaux ou religieux, etc.
J'apprécie beaucoup l'idée de prendre nos interlocuteurs au sérieux, j'aime moins l'idée de soit même faire preuve de fondamentalisme et de tout prendre à la lettre sans aucun recul ou analyse politique et matérielle de la situation.
L'islam politique est un mouvement politique fondamentaliste, très bien. Mais les croyants musulmans aussi vivent dans ce monde-ci. Même, ou peut-être surtout, les religieux fondamentalistes qui ont un projet politique très précis; ce qui n'est pas le cas d'un grand nombre de musulmans non-fondamentalistes et aussi 'non-politique'. L'islam politique sait très bien qu'il s'agit d'un projet politique publique, et non personnel et privé. Il sait très bien qu'ils doivent faire des alliances, des concessions pour arriver à leurs fins.
Par ailleurs, comme tout autre mouvement politique, le mouvement affecte le monde et le monde affecte le mouvement, ce n'est pas figé. Les stratégies et même les buts implicites et explicites évoluent au fil du temps, des leaders, des conditions socio-politiques d'une certaine région ou de la géopolitique mondiale. Au fil du temps un mouvement politique gagne en popularité ou s'estompe, pour des raisons que l'on espère pouvoir identifier grâce à l'analyse rigoureuse de la situation plutôt qu'en lisant les livres sacrés ou en écoutant un fondamentaliste nous parler des textes sacrés. Par contre, il va de soi que certaines interprétations de textes sacrés ont une manifestation socio-politique dans le monde et donc font partie des variables à prendre en compte dans l'analyse.
Comme vous l'expliquez, les conditions économiques et politiques Allemandes de la première partie du XXe siècle expliquent une bonne part de l'ascension Nazie. Il en va bien évidemment de même de(s) Islam(s) politique(s), quoi qu'en disent les Nazis et les croyants lorsqu'ils plaident leurs cause.
Il est bien évident par ailleurs si l'on prend l'exemple Nazi ou même Soviétique que la religion n'est absolument pas un pré-requis pour qu'un mouvement politique prenne une tournure fondamentaliste violente. Par contre, il est bien évident que les mouvements religieux et les mouvements politiques se serviront les uns des autres si cela sert leur cause.
Bref, prenons l'autre au sérieux effectivement, sans pour autant le croire sur parole sans distance critique, tout comme nous devrions également éviter de nous croire nous-mêmes sur parole sans distance critique, nous faisons également partie d'un monde et nous avons également une 'rationalité' avec ses propres angles-morts, idéologies, propagande, impenser, etc. Tout comme votre critique du libéralisme et du 'managérialisme' le montre très bien.
C'est bien écrite par contre, je ne suis pas vraiment intéressé en l’histoire de la première ou deuxième guerre mondiale du point de vue Soviétique. Désolée, pour moi se représente l’ère quand tout s’est commencé à aller mal pour la France.
Et j’ai d’ailleurs un point de vue détesté par tous ceux dont j’ai rencontré. Moi, je crois que les Alliés au bout de 1918 étaient trop gentils envers l’Allemagne, et aurait dût la traiter pire. On aurait dû la déchirer en pièces et la découpe entre Pologne, la France et d’autre pays de l’Europe centrale.
La deuxième guerre était certainement évitable, et cela aurait pu être fait par effaçant de la terre l’Allemagne, et établissant Bavarie dans le Sud-Est certes et assimilant le reste aux civilisations Françaises, Polognaises et les autres voisins. Cependant, nous avons tous payez pour les conséquences de la faiblesse de cette ère, et on continue d’y payer pour.
Dans l’avenir, j’espère que la France s’en tiendra plus durement envers l’Allemagne.
Te voilà mes pensées de cette ère. Guère bienvenu dans la plupart des coins du Francosphère, j’aime bien les Allemands mais je ne pense pas que l’Allemagne telle qu’elle l’ait, ai accompli une seule bonne chose en 150 ans.